Madagascar est sous le choc. Des milliers de poissons morts et agonisants se sont échoués, ces derniers jours, sur les berges du lac d’Ambavarano à Fort-Dauphin. Cette nouvelle catastrophe touche la région d'Anosy qui se bat depuis deux ans contre la sécheresse.
Cette mort soudaine serait liée à l'exploitation minière des sols. La QMM Ilménite Mine est implantée sur les bords du plan d'eau depuis des décennies. Les installations vieillissantes, ont-elles cédé ? Il est question d'une fuite des eaux usées de la mine d'extraction du Zircon et de l'ilménite.
Transparency International Initiative Madagascar (TI-IM) s'est saisie du dossier et une enquête est ouverte. En attendant les résultats, la ville interdit la consommation de l'eau au robinet, nous apprend RFI.
Du plomb, de l'uranium
Des prélèvements d'eau sont régulièrement effectués par des organismes indépendants dans les cours d'eau situés en aval du lac. Ils alertent depuis 2005 sur la dégradation de la qualité de l'eau. En 2020, ils signalaient la forte concentration de plomb et d'uranium dans les échantillons analysés, écrivait La Gazette de la Grande île en 2020. Deux ans plus tard, des brèches dans les retenues d'eau usées et des relâchements sauvages d'une partie de celles-ci dans les rivières, qui alimentent les villages et la ville voisine, seraient responsables de la surmortalité soudaine de la faune aquatique.
Quelle conséquence pour les consommateurs ? Il est impossible de répondre à cette interrogation.
En attendant, les associations, les élus et la population demandent à la société minière QMM Rio Tinto de prendre à sa charge l'achat d'eau potable et d'entreprendre sans délai les travaux indispensables, nous apprend Madagascar-Tribune.
Les mines parmi les plus gros pollueurs
À l'heure ou la préservation de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique cet incident ne peut pas être passé sous silence. Les rapports sur la pollution due aux mines s'entassent. Il n'est pas question que de l'eau, mais également de l'air, des rejets de CO² dans l'atmosphère pour l'extraction des minerais et de leur transport vers les usines d'exploitation dans le monde. La facture environnementale est colossale, selon l'enquête du site du quotidien de l'écologie, Reporterre.
Les mines retournent des tonnes de terre pour extraire quelques grammes du métal exploité. Les véhicules utilisés sont gigantesques et leurs moteurs de milliers de chevaux consomment du gasoil. Le minerai est ensuite transporté par la mer dans des vraquiers dont les moteurs tournent grâce à du fuel lourd (gasoil encore moins raffiné).