Un million et demi de Malgaches souffrent de malnutrition dans le Sud. 27% des victimes de ce fléau sont des enfants. Le gouvernement réfute la vidéo montrant une famille se nourrissant de peau de zébu. Pourtant, des témoignages affirment que c'est la réalité à Ambovombe
Le sud de Madagascar est victime d'une sécheresse sans précédent. Le vent érode les sols et les tempêtes de sable chassent les derniers habitants de la région. Une vidéo de Gail Borgia, journaliste malgache, montrant une famille se nourrissant de peau de zébu a ému la toile. Immédiatement ces images qui ont été diffusées dans les journaux de France24 et TV5Monde ont été contestées par l'exécutif. Le gouverneur de la région d'Androy, comme l'ancienne directrice de la communication de la Présidence, Rinah Rakotomanga, ont dénoncé une manipulation grossière écrit Madagascar-Tribune.
Sous cette vidéo, il était question pendant quelques heures d'une famille qui faisait cuire des chaussures. En fait, il est question de chutes de peau de zébu récupérées dans les poubelles d'un cordonnier de la ville d'Ambovombe. Paubert Mahatante, un activiste originaire de la ville valide cette réalité et remercie la journaliste d’être leur ambassadrice à travers ce reportage.
Les enfants malgaches sont les premières victimes de la famine
La tragédie qui frappe le Sud de Madagascar était prévue, dès le mois d'octobre 2020. Les experts de la Banque Alimentaire Mondiale écrivaient : "Le taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale sera de 27% chez les enfants de moins de cinq ans dans le district d’Ambovombe". Un taux "alarmant" qui "reflète le danger que court de nombreux enfants" déplore l’organisme onusien, relève Midi-Madagaskara.
Fin mai, la vidéo, largement partagée sur Facebook, illustre les premières conséquences du réchauffement climatique globale. Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, David Beasley avait alerté, fin 2020, sur cette évidence : "les sécheresses consécutives à Madagascar ont poussé les communautés au bord de la famine. Les familles souffrent et des gens meurent déjà de faim sévère. Ce n’est ni à cause de la guerre, ni à cause des conflits, c’est à cause du changement climatique. C’est une région du monde qui n’a en rien contribué au changement climatique, mais maintenant, ce sont eux qui en paient le prix."