Il y a souvent loin, entre les annonces des dirigeants politiques et la mise en œuvre des projets. C'est le cas à Madagascar comme dans de nombreux pays. Mercredi 11 mai 2022, Aimé Rasoloharimanana, magistrat et ancien président du pôle anti-corruption d'Antananarivo, a été nommé directeur de l'Agence de recouvrement des avoirs illicites.
Depuis 2016, cet organisme indispensable pour lutter contre l'évasion fiscale, la corruption et les trafics en tout genre devait être mis en place. Une exigence internationale qui commençait à tarder à prendre corps. D'ailleurs, sans cette finalisation, Madagascar aurait été inscrite sur la liste grise (voire noire) du Groupe d'action financière (GAFI) des pays à risques en matière de blanchiment d'argent, nous apprend 2424.mg. La menace était sérieuse et les interlocuteurs devenaient pressants. Les aides des différents fonds internationaux pouvaient être suspendus.
L'arlésienne des gouvernements
La lutte contre la corruption est un sujet central des différents gouvernements malgaches, lors des campagnes électorales. Au siècle dernier, déjà, le sujet était un argument de campagne. Il était devenu un sujet de rigolade dans la population.
En 2016, cette fois, fini de rire, l'Agence de recouvrement des avoirs illicites allait être installée. Finalement, le décret portant la création, l'organisation et le fonctionnement de cette instance a été adopté le 1er octobre 2021. Restait à nommer le directeur, pour lancer les opérations de recouvrement des 111 milliards d'ariary ( 26 100 000 €) visés par le pôle anti-corruption, explique Midi-Madagascar.
Le décret présidentiel a donc été effectué, ce mercredi 11 mai 2022. Aimé Rasoloharimanana est face à une tâche immense, reste à savoir s'il pourra exercer sa mission en toute liberté.