Madagascar : le drame d'Ikongo au cœur des préoccupations

La tragédie du 29 août 2022, s'est déroulée devant cette brigade de gendarmerie du Sud-Est de la Grande île. Le bilan est de 21 morts et une vingtaine de blessés
Depuis une semaine, le drame d'Ikongo est devenu un sujet politique et polémique. Le 29 août 2022, vingt-un villageois tombent sous les tirs des gendarmes et une vingtaine est gravement blessée. Les militaires ont tiré pour repousser la foule d'assaillants venue chercher les suspects d'un meurtre et de l'enlèvement d'un enfant albinos.

L'Union européenne à Madagascar, les autorités catholiques de la Grande île, les défenseurs des Droits de l'homme, les partis politiques de l'opposition comme les simples citoyens sont unanimes pour dénoncer l'utilisation excessive de la force à Ikongo. 

Le ministre de la Défense, général de corps d’armée, Léon-Richard Rakotonirina avait tenté d'éteindre l'incendie en justifiant les tirs des militaires face à une foule hostile. 

Lundi, soit une semaine après la tragédie, François Rakotozafy, Garde des sceaux, est, lui aussi, monté au créneau pour dénoncer une polémique infondée : "Le dossier des quatre individus (soupçonnés d’avoir kidnappé un enfant albinos et tué sa mère et réclamés par la foule en colère) n’a pas encore été remis entre les mains de la Justice au moment des faits", note Midi-Madagascar. En clair, le recours à la vindicte populaire, jugement archaïque qui prévalait en brousse dans le passé ne doit pas être lu comme une marque de défiance vis à vis de la justice. Les suspects étaient en garde à vue. Les gendarmes avaient fait leur travail et la justice allait être saisie.

Une enquête diligentée


"Je déclare que l'enquête sur ce qui s'est passé à Ikongo est en cours. Elle sera menée à terme", a déclaré le Chef de l'État, Andry Rajoelina, lors de sa visite à l'Académie militaire d'Antsirabé, écrit L'Express de Madagascar. Il avait prononcé cette phrase, mercredi dernier, lors du Conseil des ministres. Il avait souligné qu'il tenait à être informé de l'évolution de l'enquête qui doit définir les responsabilités et faire toute la lumière sur les événements.

Officiellement, le 29 août 2022, une foule a tenté de prendre d'assaut la gendarmerie du district. Malgré des négociations, les manifestants ont refusé de battre en retraite. Les tirs de grenades lacrymogènes et les tirs de sommations n'ont pas eu l'effet escompté. Les gendarmes n'avaient plus d'autres recours.

Les militaires ont ouvert le feu quand les premiers civils sont entrés dans la zone rouge, précise Madagascar-Tribune.

Reste à entendre, la version des autres témoins de cette tragédie. Cette terrible affaire risque de laisser une plaie béante dans la population, bien après la clôture des investigations.