Madagascar : le pays du "système D"

A Antananarivo, les réparations sont font souvent à ciel ouvert
A Madagascar, 81 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, soit en dessous du seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale. Pour tenir avec si peu de moyens, la débrouille a été érigée en véritable art de vivre, illustration dans les rues de la capitale Antananarivo.

A Antananarivo, capitale de l’état malgache, riche de ses 2,5 millions d’âmes, l’essentiel de l’économie se déploie à même la rue. Les trottoirs, où ce qu’il en reste, accueillent passants, marchands et artisans en tout genre. Un tumulte où tout, se négocie s’achète, se revend et se répare.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Madagascar, pays de la débrouille

Réparer quand on ne peut pas s’offrir du neuf

Quand la circulation anarchique impose un concert de klaxon, les ateliers de réparation du bord de route lui  opposent les cris stridents des disqueuses, les étincelles des fers à souder et le fracas des marteaux. Contre 4.000 Ariary ( 0.83 €) , Tahina, conducteur de taxi-moto fait réparer les repose-pieds de sa 125cc, un tarif imbattable, cinq fois inférieur au prix du neuf.

Dans cette économie de la débrouille,  Fify fait aussi partie des acteurs incontournables, il nettoie, colle, repeint les feux endommagés des deux-roues.  Aux abords du lac Anosy, sous le regard de l’Ange noir, toute une industrie mécanique se déploie, de la ferronnerie au capitonnage en passant par la motorisation.

Dany, capitonneur à Antananarivo

Un musée de l’automobile à ciel ouvert

A La Réunion, ils passeraient pour des véhicules de collection, mais à Antananarivo, 2CV et 4L se fondent dans le décor. Carrosserie beige, panneau de toit caractéristique, les taxis, par centaines, sillonnent la ville. Parmi ces conducteurs, Rija gagne sa vie grâce à sa 2CV.

Avant elle était à mon père, je l’ai racheté 7 000 000 d’Ariary (environ 1500 € )

Rija , conducteur de taxi

Rija, et son taxi, une Citroën 2CV à Antananarivo

Le véhicule qui a plus de trente ans, n’a plus toutes ses pièces d’origines ou en bon état, comme en témoignent, les portières brinquebalantes, la banquette qui s’affaisse, ou le volant Renault apposé sur la Citroën.

Pour ces conducteurs–acrobates, car il faut savoir se frayer un chemin dans cette jungle urbaine, le salaire mensuel avoisine les 500 000 Ariary (environ 100 euros) quand la plupart des malgaches en gagnent à peine la moitié.

Des petits services au quotidien pour une bouchée de pain

Besoin de transporter une charge lourde ? Les tireurs de charrette proposent leurs services tout au long de la journée, leurs zones de chalandise s’étirent sur plusieurs kilomètres, le tout à la force des bras.

Tojo, pousseur de charrette à Antananarivo

Pour 7.000 Ariary (1.5 euros) , 15.000 Ariary les bons jours, Chris vend jusqu’à 30 litres de café du matin au soir.
Des petites sommes gagnées difficilement, à l’instar de Justine et Pierrette, qui récupèrent, lavent et revendent des bouteilles en verre à proximité du marché d’Analakey, le plus populaire de la capitale malgache.

 Depuis que je suis petite, avec ma grand-mère, on prend du savon et des éponges, et revend à des gens de la capitale mais aussi de la province 

Justine, recycleuse malgré elle

Au détriment de la qualité de vie

Toute cette ingénierie déployée au service de la survie a néanmoins ses limites. Ses activités, pratiquée dans le cadre d’une économie informelle se déroulent au détriment des normes sanitaires telles que nous les connaissons dans nos sociétés occidentalisées. Dans les caniveaux et dans l’air ambiant, déchets du quotidien et émanations toxiques, se combinent dans une association délétère. Selon l’OMS, 15 % des morts précoces dans la Grande île sont dues à la pollution de l’air.