Des matons obligés de tirer en l’air, la police déployée pour protéger une prison, c’est la scène surréaliste qui s’est déroulée, mardi 1er août 2023 vers 20h, dans la ville d’Ambatondrazaka.
Après plusieurs mois d’enquête, six hommes inculpés de meurtre ont été placés en détention provisoire dans l’établissement pénitentiaire situé à proximité de leur village. Ces paysans sont poursuivis pour "vindicte populaire" (Ndlr : vengeance meurtrière). En 2022, ils auraient tué deux hommes de la région, qu’ils suspectaient d’être des voleurs de zébus.
Leurs arrestations et surtout leurs incarcérations sont à l’origine du soulèvement. Les villageois contestent la décision judiciaire. Ils n’ignorent pas que les lois ancestrales ne sont pas reconnues par le Code pénal, mais certaines traditions comme la "vindicte populaire" ont la vie dure.
Les villageois campent à l’extérieur de la ville
Les coups de feu et l’intervention de la police ont permis de repousser les manifestants. Personne n’a été blessé lors du face-à-face tendu, de mardi soir.
Pour autant, les villageois ne sont pas partis. Ils sont sortis de la ville et attendent en périphérie. Pour éviter de nouveaux affrontements qui pourraient tourner au drame, le procureur de la République du secteur va rencontrer les paysans mécontents. Il va tenter de convaincre les habitants de Beoavy Mangalaza à leur projet de libération des six prévenus.
Compte tenu des tensions, les forces de l’ordre ont été contraintes de revoir leur dispositif de sécurité, explique le commandant de la gendarmerie à L’Express de Madagascar : "Nous avons renforcé les effectifs aux abords des lieux stratégiques, prison et tribunal".