Maïdo : la catastrophe écologique a-t-elle été évitée ?

L’incendie du Maïdo qui a débuté vendredi 6 novembre au soir, et aujourd’hui stabilisé, a finalement été moins dévastateur que les précédents. La catastrophe écologique annoncée au départ semble en effet avoir été évitée. Les précisions.
Après 5 jours de mobilisation des sapeurs-pompiers, alors que l’incendie est désormais stabilisé, on en sait un peu plus sur les conséquences de l’incendie et son impact sur la flore et la faune locale. La zone du Maïdo fait partie des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle abrite une biodiversité rare, composée d’espèces endémiques aussi bien végétales qu’animales.
 

Un incendie rapidement contenu, des dégâts limités

Grâce à l’intervention rapide et experte à la fois des sapeurs-pompiers sur le terrain mais aussi des pilotes et équipages du Dash et des hélicoptères bombardiers d’eau, l’incendie a rapidement pu être contenu. Contrairement à 2010 et 2011, la surface brulée est bien moindre.

Les reconnaissances effectuées par les professionnels des différents services impliqués dans la gestion du risque, et les images satellites, ont permis d’évaluer la zone du sinistre à un près de 175 hectares, en surface plane. En considérant les remparts du Maïdo, elle serait de 200 hectares, soit près de 280 terrains de football.

Selon Nicolas Miramond, responsable du pôle "risques naturels" à l’ONF Réunion et invité de la matinale de Réunion la 1ère, le bilan de cet incendie est "assez mitigé". Il le juge catastrophique par l’étendue des surfaces touchées, des secteurs touchés et des espèces qui y sont présentes, mais aussi plus positif sur l’efficacité et la coopération entre les services du SDIS, l’ONF, le Parc National et la Gendarmerie pour limiter le risque.
 

 

200 hectares avec le rempart, plusieurs types de secteurs

Si le risque majeur est écarté, reste une crainte quant à la forêt de tamarins et de bois de couleurs à l’Ouest. Des feux du sous-sol peuvent encore s’y développer, via l’humus. Cette one est donc le point de vigilance des équipes sur le terrain désormais.

Plusieurs secteurs ont été touchés par cet incendie. Il y a le secteur des forêt des Hauts, composées de Branles verts, d’ajoncs  et de beaucoup d’espèces exotiques, qui se situent au niveau du Maïdo et puis une petite partie du secteur des tamarins et des bois de couleur, de grande valeur.
 
Enfin, des zones un peu plus basses pourraient être touchées, des zones de valeur économique, précise Nicolas Miramond, d’exploitation forestière de tamarins, situées un peu plus bas et qui n’ont pas été atteintes pour le moment.  
 

La Flore et la faune sont-elles menacées ?

Le Parc national est chargé de réaliser une évaluation des dommages sur la flore et la faune suite à cet incendie. Cette évaluation sera notamment transmise à l’UNESCO, qui déterminera si le classement du site au patrimoine mondial doit être revu ou non.

On sait déjà que la partie qui a brûlée, située entre le Belvédère et le début du sentier de la Brèche, puis en descendant vers le parking de la messe et la piste des 1 800 Sud, est une zone principalement impactée par les espèces exotiques, ou envahissantes comme l’ajonc d’Europe, contrairement à 2010 et 2011, où les dégâts sur la flore avaient été beaucoup plus dévastateurs.
 

Selon Guillaume Payet, coordonnateur pour le Parc national de la défense des forêts contre les incendies, le branle vert, le fleur jaune et le tamarin des Hauts sont des espèces endémiques présentes dans cette zone et impactées, mais elles le sont aussi ailleurs. L’inquiétude est donc moins importante les concernant. La nature prendra cependant du temps à reprendre ses droits. Il ne s’agira pas de planter, ce type de forêt se régénère seule, précise l’expert.
 

" La seule façon que l’Homme a d’aider cette forêt à reprendre, c’est en mettant le maximum de moyens sur la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. "

Guillaume Payet, coordonnateur pour le Parc national de la défense des forêts contre les incendies



Une partie de l’incendie a cependant touché une zone de nidification du lézard vert des Hauts, sur le bord du rempart. Cela est grave, mais ce spécimen endémique exceptionnel, le seul à vivre à une telle altitude, vit en plusieurs endroits. Outre la colonie nichant au Belvédère du Maïdo, une autre a été découverte, il y a quelques années, au Grand Bénard, explique Janik Payet, du Parc national de La Réunion.
 
L'incendie au Maïdo, samedi 7 novembre.
 

Comment gérer " l’Après " ?

Le site du Belvédère au Maïdo a été en grande partie détruit. Les barrières ont pris feu, la sécurité n’y est donc plus assurée. Le site sera fermé au public pendant une certaine période, le temps de permettre la réalisation de travaux de sécurisation, explique Nicolas Miramond, responsable du pôle "risques naturels" à l’ONF Réunion.

Un site fermé le temps aussi de permettre une restauration écologique du site. S’il est encore tôt pour parler de " l’après ", alors que les pompiers sont encore sur site, selon Nicolas Miramond, des réflexions ont déjà eu lieu.

Des expertises, géotechniques avec le Bureau de Recherches Géologiques et Minières notamment, doivent être menées sur le terrain. L’objectif est de rendre le site accessible, le plus rapidement possible, mais cela pourrait prendre du temps.
 
Le Belvédère du Maïdo avant l'incendie

L'intégralité de l'entretien de Nicolas Miramond, responsable du pôle "risques naturels" à l’ONF Réunion, interrogé par Philippe Dornier dans la matinale de Réunion la 1ère, est à retrouver ici.

Invité de la matinale de Réunion la 1ère : Nicolas MIRAMOND, Responsable Risques Naturels à l'ONF