Mal-logement à La Réunion : des associations demandent la remise en location des habitats inoccupés

Des logements sociaux seront démolis dans le quartier des Camélias à Saint-Denis
Près de quatre Réunionnais sur dix sont frappés par le mal-logement, soit deux fois plus qu'à l'échelle nationale, selon la Fondation Abbé Pierre, alors que 30 000 logements seraient inoccupés sur l'île. Ce samedi 18 mai 2024, l'association familiale laïque tire la sonnette d'alarme. Elle réclame une accélération des constructions et un budget consacré spécialement à la rénovation des logements vétustes.

Depuis la nomination de Guillaume Kasbarian, ministre délégué en charge du logement au gouvernement, en février 2023, certaines associations de défense des locataires sont inquiètes. 

C’est le cas de l'association Familiale Laïque. Elle dénonce l'absence d'une réelle volonté des pouvoirs publics, et notamment du gouvernement, de s'attaquer à la problématique du mal-logement. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Mal-logement : la politique de gestion du logement est désastreuse, estiment les associations de défense des locataires. Ces derniers tirent la sonnette d’alarme.

200 000 Réunionnais impactés par la crise du logement

Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, en 2024, près de 200 000 personnes sont impactées par la crise du logement à La Réunion.

140 000 Réunionnais souffrent de mal-logement ou d'absence de logement personnel, alors que 30 000 logements seraient vacants sur l'île. Le profil de personnes mal-logées reste large. Parmi elles, de plus en plus de jeunes, des femmes et notamment des personnes âgées.

Près de 60 000 demandes d’hébergement d’urgence auprès du 115 ont été enregistrées sur l’année, dont 16 000 non pourvues, selon Matthieu Hoarau, directeur de la Fondation Abbé Pierre.

Une politique du logement "ultra-libérale"

Un projet de loi passé en Conseil des ministres le vendredi 3 mai dernier, propose notamment que les maires puissent favoriser la construction de logements intermédiaires. Et ce, au profit des logements sociaux. Les maires seraient également les seuls à pouvoir attribuer les logements sociaux neufs.

On assiste à un virage de la politique gouvernementale puisque les anciens ministres étaient impliqués dans la politique de la ville, des collectivités. Ce nouveau ministre a l’air plutôt ultra-libéral.

Alain Didelot, président de l'association Familiale Laïque

Un projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables

À la Confédération Nationale du Logement (CNL), cet après-midi, les députés Karine Lebon, Frédéric Maillot et Philippe Naillet ainsi que le sénateur Stéphane Fouassin se sont réunis avec Erick Fontaine, administrateur de la CNL.

Entre autres, ils ont parlé de ce projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables. Cette dernière sera présentée en séance publique au Sénat à partir du 17 juin 2024.

"Il est important que l'on se mette ensemble pour savoir comment est-ce qu'on peut proposer des amendements pour améliorer ce projet de loi. C'est surtout parce que je regrette que sur ces 14 points abordés dans ce document, et bien, il n'y a pas de moyens financiers", souligne Stéphane Fouassin, sénateur de La Réunion. 

Vers une remise en location des logements inoccupés ?

Deux tiers des demandeurs de logements à La Réunion auraient besoin d'un "logement très social" (LTS), informe Alain Didelot, président de l'Association Familiale Laïque.

L'association Familiale Laïque préconise une accélération des constructions et un budget consacré à la rénovation des logements vétustes. Pour pallier le manque de logements, elle réclame ainsi la remise en location des logements inoccupés.

Il faut des moyens, il faut toute une organisation. Et, dans les 30 000 logements, il y en a qui sont inutilisables. Mais la possibilité pour l’Agence nationale de l’habitat de financer à La Réunion les logements des propriétaires qui remettraient leurs biens en location.

Alain Didelot, président de l'Association Familiale Laïque

Les logements intermédiaires privilégiés

Avec l’incitation des bailleurs à investir dans des logements intermédiaires pour financer les logements sociaux, ces derniers ne devraient plus trouver de place sur un territoire insulaire comme La Réunion. 

On privilégie le logement intermédiaire, c’est-à-dire un logement qui touche une certaine catégorie de la population, un peu au-dessus des cadres moyens, alors qu'on a une forte demande de logement très social (LTS).

Alain Didelot, président de l'association Familiale Laïque

Une énumération de réclamations

L'association Familiale Laïque tire clairement la sonnette d'alarme. La liste des réclamations est longue...

On demande l’accélération des projets en cours. On demande aussi que les démolitions d'immeubles dans le cadre de l’ANRU cessent (comme c'est le cas aux Camélias à Saint-Denis NDLR). On cherche aussi d’autres solutions possibles comme les logements modulaires à 50 000 euros pour pouvoir pallier provisoirement au manque de logement. Le problème, c'est qu'on n’a pas de certitudes qu’on reconstruira un jour sur les immeubles démolis.

Alain Didelot, président de l'association Familiale Laïque

Pour un logement détruit, deux logements reconstruits ?

Pour chaque logement détruit, l'association Familiale Laïque demande à ce que deux logements soient reconstruits, quitte à utiliser des logements modulaires.

C'est la solution qu'avait proposée l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin, en juillet 2018, notamment pour pallier le manque de logements à Mayotte et en Guyane.

Par ailleurs, des députés, dont Karine Lebon,
se regroupent entre eux pour demander la création d'une commission d'enquête sur "l'indécence du logement social dans les départements d'Outre-mer". Cette commission devrait être votée le mercredi 22 mai prochain.