A la foire agricole de Bras Panon, la semaine dernière, les visiteurs ont eu la surprise de découvrir des mangues plus que fraiches sur les étals des producteurs. La saison ne débute pourtant qu'au mois d'octobre en temps normal.
Alors forcément, le kilo de mangues josé se négociait à prix d'or. Comptez 20 euros tout de même. Il parait que tout ce qui est rare est forcément cher...
Des étés plus chauds et des hivers plus froids
Mais au-delà de la question du prix, comment expliquer la présence inhabituelle de ces fruits ? Selon Eric Lucas, le responsable de la cellule Diversification à la Chambre de l'Agriculture, le dérèglement climatique y est pour beaucoup.
"On a quand même pris 1°C de température et on a donc des étés beaucoup plus chauds mais aussi des hivers plus froids ce qui est un facteur de stress pour les arbres qui peuvent ainsi fleurir soit tardivement, soit précocement", explique le spécialiste.
Plus de problèmes phytosanitaires
Ces phénomènes devraient s'accentuer au fil du temps, prévient Eric Lucas, et ils ne perturbent pas seulement le cycle des manguiers. Les longanis, qui sont également déjà présents dans les marchés, sont eux aussi concernés.
Avec cette complication supplémentaire : "On a plus de problèmes phytosanitaires, la mouche a une ressource nourricière toute l'année ce qui fait qu'on n'a pas forcément la possibilité de la réguler en fonction de l'hiver ou de la baisse de production", précise encore Eric Lucas.
Sécheresse, cyclones et floraison tardive
Mais d'autres facteurs peuvent expliquer ce phénomène de fruits à contre-saison. Ces mangues et ces longanis, que l'ont pourra encore retrouver sur les étals au début du mois de juin qui se profile, sont en fait issus d'une floraison tardive.
"Ce sont des floraisons qui n'ont pas eu lieu en juillet-août de l'année dernière, mais plutôt en novembre-décembre à cause du stress davantage lié à la sécheresse puis ensuite au froid qui était persistant dans ces zones-là", indique encore Eric Lucas.
Une production précoce à venir
Et après la sécheresse et le froid, les producteurs ont dû composer avec une saison des pluies particulièrement intense en décembre/janvier, suivie du passage des deux cyclones Batsirai et Emnati en février.
Cette année, la floraison devrait survenir également précocement. "On a des arbres qui commencent à fleurir dès maintenant alors qu'on les attendait plutôt fin juin". Qui sait, un jour peut-être, les Réunionnais pourraient manger des mangues toute l'année, comme c'est déjà le cas pour les ananas.