Marée noire à Maurice : "l'état d'urgence environnementale décrété"

Des litres de fioul continuent de se déverser dans le lagon depuis jeudi
Le premier ministre Pravind Jugnauth s’est rendu sur les lieux du naufrage du Wakashio cet après-midi. Il explique que les mauvaises conditions climatiques ont retardé les opérations de pompage des deux réservoirs encore remplis de fioul. "Le pays est passé en état d'urgence environnementale".
Cet après-midi, le premier ministre Pravind Jugnauth s’est déplacé à Pointe d’Esny, là où le Wakashio s’est échoué sur les récifs, il y a quatorze jours. Il s’est rendu en bateau sur le site du naufrage avec une délégation. C’était aussi l’occasion de faire le point avec les médias de l’île Sœur.

Ecoutez les précisions de notre confrère Finlay Salesse, journaliste à Radio One :


Pravind Jugnauth est revenu sur l’état du navire. Un des trois réservoirs du navire s’est donc fissuré et a commencé à déverser ses quelques 1 180 tonnes de fioul dans le lagon. Le secteur a été déclarée zone sinistrée.

Reste les deux autres réservoirs du vraquier qu’il faut vider afin que la marée noire ne prenne pas encore plus d’ampleur. Le problème, indique le premier ministre, c’est que Maurice ne dispose pas de l’expertise et des équipements nécessaires. C’est ce qui expliquerait que les opérations aient autant tardé à être mises en place.
 

"Une catastrophe environnementale"


"Nous sommes face à une catastrophe environnementale. Dès le premier jour, toutes les démarches ont été entreprises pour que la société (propriétaire du navire, ndlr) fasse venir des experts. Ces derniers ont décidé d’adopter la stratégie suivante : stabiliser le bateau qui bougeait à cause des vagues et pomper l’huile des cuves du cargo ".

Il a fallu attendre l’arrivée d’un remorqueur venu de la Réunion, détaille encore le premier ministre. Deux autres sont attendus dans l’île Sœur, dont un qui arrive de l’Inde.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 
 

A cela se sont ajoutées les mauvaises conditions climatiques. Il n’a ainsi pas été possible de pomper l’huile des cuves du cargo, rajoute Pravind Jugnauth. C’est entretemps que la fissure est apparue dans la coque du navire jeudi, justifie-t-il encore.

Une cellule de crise se réunissait encore cet après-midi après le conseil des ministres. "Le temps est trop mauvais pour permettre à un bateau d’approcher pour pomper l’huile. Demain (samedi, ndlr), la mer devrait être plus calme avant que le temps ne se gâte à nouveau dimanche".

Les autorités mauriciennes entendent ainsi faire leur maximum ce samedi afin de pomper l’huile des deux réservoirs restants. Un navire en provenance de la Grèce est d’ailleurs attendu pour participer aux opérations.
 

Protéger les sites sensibles


"Nous faisons tout pour protéger les sites sensibles, comme la réserve marine de Blue Bay, l’Ile Aux Aigrettes, ou encore les zones humides de Pointe d’Esny", rajoute le premier ministre.

Nos confrères du Mauricien rapportent ce vendredi soir que "le pays est passé en urgence environnementale", selon un communiqué publié à l’issue de la réunion du Cabinet des ministres. Le premier ministre Pravind Jugnauth a signé une "Environmental Emergency Declaration sous l’Environment Protection Act".

Parallèlement, la population ainsi que des ONG telles que Rézistans ek Alternativ et Eco Sud participent activement au nettoyage des côtes déjà lourdement touchées par la pollution. Une vague solidarité qui se manifeste sous diverses formes.
 
Plusieurs mètres de bouées anti-pollution faites de paille de cannes ont été confectionnées par des bénévoles à Mahébourg afin de contenir du mieux possible la marée noire. Des personnalités politiques de l'opposition ont également appelé la population à se mobiliser.

Tous les moyens sont bons pour contenir cette pollution. Même les plus modestes. Des collectes de cheveux, sacs et tissus ont par exemple été organisées dans le cadre de l'opération "Clean-Up" des eaux mauriciennes. Les ONG mettent en effet en avant les capacités d'absorption des cheveux au contact du fioul.