Maurice : la libération de Bruneau Laurette vivement critiquée par un commissaire de police

Bruneau Laurette avait été incarcéré avec son fils en novembre 2022. Il est désormais libre, sous contrôle judiciaire strict
La libération de Bruneau Laurette en fin de semaine dernière ne fait pas l’unanimité. Si depuis le mois de novembre 2022 et l’incarcération de l’activiste, ses partisans dénoncent une manipulation politique. Le commissaire de police en charge des investigations a, lui, condamné la remise en liberté sous contrôle judiciaire du suspect.

Bruneau Laurette, est-il un opposant encombrant qui a été "victime" d'un "complot" politique ou un trafiquant de drogue qui se dissimule derrière l’apparence derrière la défense des plus démunis ?

Impossible de se prononcer sans avoir tous les éléments du dossier entre les mains. Une certitude, cependant, à l’île Maurice le sujet est sensible. Les partisans, comme les détracteurs de Bruneau Laurette ont des avis tranchés. Ils s'opposent depuis bientôt deux ans.

La remise en liberté sous contrôle judiciaire de Bruneau Laurette a été accueillie comme une victoire par son camp. Tous étaient réunis devant le tribunal de Moka, drapeau mauricien en main. Ils attendaient fébrilement la décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), témoigne Défimédia.

Une liberté sous caution et sous condition

La sortie de prison de Bruneau Laurette est assortie d’une caution de 2 millions de roupies, mais aussi à l’obligation d’avoir une adresse fixe transmise aux services de police et de venir au commissariat du secteur deux fois par jour (entre 6 et 11h le matin et entre 15 et 19h l’après-midi).

Son téléphone portable personnel est équipé d’un GPS qui permet aux forces de l’ordre de suivre ses déplacements. Enfin, Bruneau Laurette a interdiction de s’approcher à moins de 500 mètres des plages et ne doit pas passer d’appels internationaux.

Ces conditions sont exceptionnelles, selon les avocats du mis en cause. Sanjeev Teeluckdharry, l'un des conseils précise, en 2017 un trafiquant qui avait importé 135 kg d’héroïne n’avait pas été contraints à de telles obligations : "Seules deux cautions de Rs 200 000 avaient été exigées pour une marchandise estimée à 2 milliards de RS. Alors que pour Bruneau Laurette, la valeur marchande de la drogue, soi-disant, saisie est de Rs 200 millions", écrit L’Express de Maurice.

La police dénonce la décision judiciaire


Ce dossier déborde amplement du cadre judiciaire. La polémique concernant la remise en liberté surveillée de Bruneau Laurette vient de créer un nouvel incident politique. Le commissaire de police qui suit ce dossier condamne la décision judiciaire.

Anil Kumar Dip affirme dans un communiqué que cet élargissement, malgré le contrôle judiciaire très stricte que cette décision est un : "evil precedent".

Le texte du CP va tendre les relations entre les forces de l’ordre et l’appareil judiciaire. De plus, il a été relayé sur la page Facebook du "Government Information Service". Une publication vivement dénoncée des représentants des avocats mauriciens qui dénoncent une attaque : "Visant à saper l’État de droit ainsi que l’indépendance et l’autorité du judiciaire." La Mauritius Bar Association (MBA) qui compte 954 avocats étudiera la plainte des membres du barreau le 21 mars prochain.