Les relations entre le gouvernement mauricien et la presse se tendent. À l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la consommation et les trafics de drogue, Pravind Jugnauth a accordé une interview à L’Express de Maurice, sur ce sujet sensible dans l’île sœur.
Pour l’occasion et contre toute attente, il s’est opposé vertement à une supposée manipulation de la lutte contre les trafiquants de stupéfiants : "Arrêter de chercher le sensationnalisme. On ne peut pas dire que l’on fait du ‘planting’. Il ne faut pas oublier qu’il y a la Justice vers laquelle nous avons recours".
Après avoir longuement rappelé le combat que mène son gouvernement contre ce fléau, il s’est voulu très clair en accusant les détracteurs d’avoir un comportement antipatriotique. "Au lieu que ce soit les trafiquants qui ont peur, l’on veut créer un sentiment de peur au sein de la population", affirme le Premier ministre.
Les procédures françaises et mauriciennes sont différentes
Il est important de rappeler que les procédures à l’île Maurice et en France ne peuvent pas être comparées. Les poursuites sont diligentées par un Procureur.
Quand l’accusation estime qu’elle possède suffisamment d’éléments à charge, elle procède à l’arrestation du suspect. À partir de ce moment, le mis en cause se tourne vers des avocats qui disposent du droit de mener toutes les investigations nécessaires pour prouver leur innocence, cependant comme toujours, c’est une question de moyens.
S’il n’y a pas d’accord financier avec l’accusé, les deux parties se retrouvent devant un tribunal est le juge ou des jurés devront se prononcer. Ces procédures, comme en France, peuvent être très longues, mais contrairement à chez nous, plusieurs étapes sont publiques.
Le DUAP implanté prochainement à Maurice
À l’occasion de cette journée de lutte contre la consommation et les trafics de drogues, ce 26 juin 2023, a été annoncée l’implantation chez nos voisins d’un Drug Users Administrative Panel (en français : Comité administratif des usagers de drogues).
Cette structure a pour objectif d’accompagner les toxicomanes, mais aussi d’aider la justice et la police dans la lutte contre les trafics et les addictions. La répression est contreproductive selon les experts des Nations Unis qui veulent imposer une approche plus humaine.
Les DUAP devraient mettre l’accent sur l’accompagnement des consommateurs. Dans une déclaration, les responsables de l’ONU déclarent : "La communauté internationale doit remplacer la punition par le soutien et promouvoir des politiques respectueuses des droits de tous".
Une approche soutenue par l’ONG mauricienne Pils, écrit Défimédia.