Pour se donner bonne conscience, la France (1848) et la Grande-Bretagne (1833) sont contraintes de mettre fin à l'esclavage dans leurs colonies ultramarines. Pour pallier ce soudain manque de main d'œuvres taillables et corvéables à merci, les gouvernements de l'époque, sous la pression des colons et pour éviter une pénurie de sucre, se tournent vers l’Inde.
"L’engagisme" a d’ailleurs commencé avant l’abolition de l’esclavage. Dès 1828, la question est évoquée par les parlementaires britanniques. Six ans plus tard, la première expérience est lancée, sur l’île de La Réunion avec l’arrivée de 3 000 travailleurs hindous.
En 1834, la Grande-Bretagne, pour des raisons économiques évidentes, a recours à ces travailleurs "volontaires". Au total, 2 millions de migrants sont transportés vers les Mascareignes, écrit cairn.info.
Des travailleurs pas vraiment « volontaires »
"L’engagisme", vu d’Europe, semblait un recours acceptable. Les révélations de Krish Seetah, archéologues en charge, depuis 14 ans, des recherches à l’île Maurice sont glaçantes. Avant d’évoquer les conditions de vie des engagés, il faut se souvenir de quelques faits historiques.
"L’engagisme » prend fin officiellement en 1933 à Maurice et à La Réunion. Il cesse en 1937 à Rodrigues. Ces travailleurs, embarqués en Inde, espéraient trouver de meilleures conditions de vie. En embarquant, ils ne savaient pas que ce voyage serait un aller simple vers l’enfer. Le voyage à fond de cale n’était pas gratuit. Ils devaient le rembourser en travaillant au moins pendant cinq ans sur une propriété.
Morts d’épuisement, de maladie et suicidés
Fouiller dans les cimetières, creuser la terre, ne va pas de soi, dans la culture hindoue. L’archéologue explique à L’Express de Maurice : "Bien sûr que non. Il a fallu changer les mentalités. Expliquer que l’archéologie est un procédé scientifique."
Comparaison n’est pas raison, pourtant des similitudes sont observables en étudiant les squelettes d’esclaves et d’engagés.
Ils révèlent une souffrance physique, une malnutrition et parfois des suicides. La dentition, les ossements, les fractures peu ou pas consolidées…
L’alcool, le zamal étaient les seules distractions. Ces conditions de survie étaient si difficiles qu’ils étaient nombreux à renoncer. Un rapport de 1870 montre : "En Angleterre, pour chaque million d’habitants, il y avait 70 suicides. À Maurice, parmi la population générale, il y avait 67 suicides par million d’habitants. Alors que parmi les travailleurs engagés, le chiffre était de quatre fois plus, soit de 280 par million." Un article de L’Express de Maurice à lire ici