Maurice : le ministre de la Santé visé par des plaintes dans l'affaire du Molnupiravir

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L'augmentation, de 70 roupies mauriciennes en 24 heures, du prix pour un comprimé de Molnupiravir, est désormais une affaire ! Des plaintes visant le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal et plusieurs patrons de sociétés, ont été déposées, lundi 13 décembre 2021, à la Caserne centrale.

"J’ai envoyé un courriel au Commissaire de Police le dimanche 12 décembre. Rien n’a été fait par la police. De ce fait, je me suis rendu aux Casernes aujourd’hui pour remettre à la police des documents et des informations précises, à savoir les noms des personnes impliquées dans la transaction de l’achat du Molnupiravir entre autres", a expliqué Me Rama Valayden, avocat et membre actif de l'opposition à Défimédia. Il a poursuivi en précisant, qu'il ciblait en premier lieu le ministre de la Santé, selon lui : "le Dr Jagputal doit démissionner avant ce vendredi". 

L'homme de loi, figure de l'opposition, a fourni aux inspecteurs des images vidéo de surveillance du bâtiment Emmanuel-Anquetil à Port-Louis, dans lequel plusieurs services de l'État sont installés. Selon le plaignant, on y voit des proches du ministre de la Santé entrer. Ils auraient participé à une réunion concernant ce dossier les 6 et 7 décembre 2021, selon lui... 

 

De nombreuses incohérences et des explications trop vagues

 

Le ministre de la Santé, Kaleish Jagutpal, gravement mis en cause dans cette affaire, a tenté de fournir des explications concernant les commandes, le prix, mais aussi la provenance et la livraison des médicaments, mais elles étaient incomplètes en contradiction avec les faits. Devant le parlement, le représentant du gouvernement a expliqué que ces commandes étaient justifiées par la gravité de la situation. Il soulignait : "avoir anticipé l'augmentation du nombre de cas", note L'Express de Maurice. Le ministre avait prévisé que la livraison devait avoir lieu entre la seconde et la troisième semaine de ce mois de décembre 2021. 

Les faits sont têtus et interrogent. Selon, nos confrères la première commande est arrivée le 7 décembre et la seconde, huit jour plus tard. De plus, les gélules ne viennent pas de cinq laboratoires, mais d'un seul et celui-ci : "ne détient pas de licence de fabrication de Merck". Bref, ces couacs sont -ils le fruit d'une communication incertaine ou visent-ils à dissimuler des faits judiquement condamnables ? 

Ce sont quelques unes des questions sans réponse, pour l'heure, mais le dossier du Monulpiravir est, semble-t-il, devenu l'affaire du Monulpiravir...

Une enquête ouverte pour découvrir l'origine des fuites dans ce dossier

La police est saisie d'une enquête afin de déterminer d'où viennent les fuites dans l'affaire du Molnupiravir. Lors de son intervention, Xavier-Luc Duval, leader de l'opposition, a appuyé ses interrogations concernant les commandes de Monulpiravir en brandissant les deux factures à l'origine du scandale. En 24 heures, le prix du comprimé avait augmenté de 70 roupies mauriciennes.

Étrangement, la justice de l'île sœur s'intéresse en priorité à l'origine des fuites et non aux zones d'ombre entourant l'affaire. Les responsables des différents syndicats de la fonction publique sont montés au créneau pour dénoncer ces investigations : "Ces documents, l’opposition a très bien pu se les procurer ailleurs", et de dénoncer cette chasse au lanceur d'alerte, "ce n’est pas comme s’il s’agissait d’informations mettant la sécurité de l’État en péril".

Radhakrishna Sadien, de la State and Other Employees Federation, résume parfaitement, sur le site de Défimédia, le sentiment partagé par les fonctionnaires mauriciens : "D’un côté, il y a l’Official Secrets Act qui les empêche de divulguer une information. Et de l’autre côté, il y a la responsabilité citoyenne, surtout lorsqu’il est question de l’intérêt public. Li trouve ki pa kapav less Morisien al pay les pots cassés e less lezot fer kas lor ledo maler."