Doucement, mais sûrement, les normes commerciales et sanitaires en vigueur dans les pays développés s'imposent dans l'hémisphère Sud. Le Victoria Urban Terminal a ouvert ses portes en début de semaine, nous apprend Le Mauricien. Il est destiné à accueillir tous les marchands ambulants des rues de Port-Louis.
Ce bouleversement ne se fait pas simplement. Les policiers "traquent" les vendeurs de fruits et légumes qui s'installent sur les trottoirs de la capitale. Ils les informent de l'ouverture de ce marché spécialement conçu pour eux et les menacent de leur infliger une amende, s'ils poursuivent ce commerce devenu "illégal".
Les "bazardiers" des autres villes ne sont pas encore concernés, cependant tous regardent cette expérimentation. Les premiers avis recueillis auprès des intéressés sont positifs.
Ouverture officielle, ce jeudi
Certes, les vendeurs des rues vont devoir payer la location mensuelle de l'emplacement Rs 4 000 (88,27 €), mais ils sont protégés des voleurs, des passants agressifs, du soleil et de la pluie.
Faviola Rabaye, l'une des toute première à s'être installée, livre à L'Express de Maurice, son sentiment : "J’ai suivi les traces de mes parents, et même si nous pouvons ne pas être 100 % satisfaits de ce que l’emplacement nous donne, il faut reconnaître que nous n’aurons plus à courir et à nous cacher des policiers" et de poursuivre avec le sourire, "C’est fini la vie, de sans domicile fixe, car aujourd’hui, je me sens à l’abri". Avant de conclure dans un éclat de rire, "J’ai complètement oublié de prendre une photo de ma première cliente. Car, avec elle, c’est le début d’une toute nouvelle aventure qui se dessine".
Les prix, des fruits et les légumes, augmentent de 200%
Les petits "bazardiers" écoulent une partie de leur propre production. Aujourd'hui, avec l'envolée des prix de tous les produits importés, leurs fruits et légumes locaux deviennent "abordables". Les clients ne se tournent pas vers eux uniquement pour pallier un oubli.
Défimédia note un retour en force des potagers dans les jardins. "J’ai profité du confinement pendant la pandémie pour cultiver mes propres légumes. Je me suis lancé à fond dans la culture d’herbes fines, de laitues et de brèdes dans notre arrière-cour. Ce sont des produits qu’on consomme régulièrement", Damree Gulshan estime qu'il économise, grâce à son jardin, Rs 200 par semaine. Tous les témoins sont d'accord et estiment le gain, tous les mois, à 800 roupies par mois soit 18 €. Cette économie est à rapporter au pouvoir d'achat et aux salaires moyens des travailleurs mauriciens.