Filet, harpon, chasse sous-marine, tous les moyens sont bons pour ramener du poisson ! Le confinement est levé. La pêche à nouveau autorisée. Le lagon mauricien est sous pression. Les braconniers sont plus toujours plus nombreux. Les poissons deviennent rares !
“La mer bizin repoze !”, cette phrase, relevée par Le Mauricien dans son enquête sur le pillage du lagon, est prononcée par un pêcheur professionnel qui constate, impuissant, la destruction de cette richesse. Le confinement, l'augmentation du nombre de chômeurs avaient offert une pause à la nature. En quelques mois, les coraux et les bancs de petits poissons s'étaient ressourcés.
Ce constat est, déjà, un lointain souvenir ! Tous les jours, les marcheurs, les riverains et les pêcheurs sont témoins du pillage de la mer. De jour comme de nuit, les braconniers passent à l'action. Ils ne se cachent pas. Ils débarquent sur la plage avec le filet à petites mailles, masque, palmes et harpon. Les gardes-pêches sont informés. Ils n'interviennent pas !
“Les pêcheurs à la senne n’arrêtent jamais"
Les riverains du lagon confirment ce constat accablant ! Dans le Sud-Est, un pêcheur de Baie-au-Cap, précise : "Moi qui pêche à la ligne, je remarque la nette diminution des prises. Je suis obligé d’aller pêcher en haute mer et de prendre plus de risques. Ce problème a bien trop duré, il faut que les autorités concernées fassent leur travail".
Le drame au-delà de la pêche à la senne sans permis, hors-saison, de l'utilisation de harpons dans des zones où le poisson n'a pas la moindre chance, c'est également la taille des captures. Les alevins sont pélevés et ne sont pas remis à l'eau. Ils ne peuvent pas se reproduire et préserver le futur : "certains amateurs de pêche conservent des poissons juvéniles alors qu’ils devraient les relâcher", révèle le rédacteur de l'enquête.
Ce constat est lié à l'absence de surveillance, liée à la bienveillance de certains représentants de l'autorité, le manque de personnel, mais aussi les menaces que brandissent les braconniers, contre les témoins.
Les chiffres, même incomplets, confirment le constat
Les chiffres officiels appuient le triste bilan de ce pillage quotidien. En 2018, les autorités avaient relevé 342 cas de pêches illégales (senne, harpon). Le nombre de procès-verbaux était de 375 en 2019. Il est passé en 2020 à 176. Un chiffre inférieur, certes, mais totalement effrayant quand l'on se souvient que pendant plusieurs semaines, l'île Maurice a été totalement confinée.
De plus, il est question ici, d'infractions relevées ! Des centaines de braconniers échappent aux gardes-pêche.
En conlusion, un vieux pêcheur explique : "Ils sont en train de ‘kras dan zot prop lasiet manze’, en faisant cela mais ‘zot deklar sourd’. Si cela continue, dans 10 ans, nos lagons seront vides, beaucoup de pêcheurs seront au chômage".