Décidément, à Maurice, la crise économique apparaît, parfois dans des lieux, que l'on croit préservé. Depuis, la semaine dernière, les familles des patients sont contraintes d'acheter une partie des médicaments prescrits par les médecins hospitaliers dans les pharmacies privées.
Interrogé par L'Express de Maurice, un praticien, dénonce cette rupture brutale dans la continuité indispensable de l'aide aux malades : "Je donne une ordonnance pour avoir des médicaments jusqu’au prochain rendez-vous, 30 jours environ. La patiente va à la pharmacie, on lui donne des médicaments pour 15 jours. Et pour les 15 jours restants, elle doit donc aller en acheter dans une pharmacie du privé".
Les premières victimes sont les plus pauvres
Cette pénurie touche en premier lieux les remèdes contre le diabète, l'hypertension, les problèmes cardiovasculaires, l'asthme ou l'insuffisance rénale. Défimédia nous apprend que ces traitements coûtent de 500 à 5 000 roupies par mois, selon la pathologie et sa gravité (11 à 110 €). C'est une somme qui semble dérisoire en euro, vue de La Réunion, mais elle est conséquente dans l'île sœur. Il ne faut jamais oublier la différence de salaires et de l'absence d'aide. Pas de carte vitale, de sécurité sociale, seul les plus aisés peuvent se payer une mutuelle.
En clair, pour les Mauriciens avec de faibles revenus (NDLR : ils sont nombreux), les précaires et les chômeurs doivent choisir entre, se soigner ou manger.
Conscient de la gravité de la situation, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a annoncé la publication d'un décret pour officialiser une baisse, de 5% de la marge des pharmaciens privés, sur une liste de 15 médicaments indispensables.