La diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos de violences et actes de tortures de la part de policiers mauriciens de la "Central Investigation Division" révèle des pratiques, souvent dénoncées, mais facilement contestées faute de preuves.
Ces révélations provoquent un séisme. Dimanche soir, le commissaire Amil Kumar Dip, contacté par IonNews, a déploré le temps passé entre les faits et leur révélation via les réseaux sociaux : "Pou moi, bane dimoune ki ti ena possession sa vidéo la depi longtemps, ek zot pne dénoncer, zot également responsable."
La dernière affirmation du représentant des forces de l'ordre risque d'entretenir la polémique.
Cet après-midi, Défimédia, média de l'île sœur, qui a mis au jour ces faits et la plainte d'un homme de 31ans. Va consacrer un débat sur ce sujet sensible, ce mardi à partir de 17h sur Radio Plus.
40 ans de violences ?
Comment ne pas avoir une pensée pour l'affaire Kaya ! En 1999, le chanteur meurt à la prison de la Caserne-Centrale de Port-Louis.
Depuis, régulièrement, des citoyens dénoncent des faits, mais il est généralement impossible de démêler le vrai du faux. Les arrestations sont des moments de tension extrême et les suspects, parfois multirécidivistes, ne veulent pas se soumettre aux injonctions des forces de l'ordre. L'affrontement devient inévitable.
C'est là que se situe l'imperceptible frontière entre "la violence légitime" et l'abus de pouvoir.
Quand un homme, entouré de cinq inspecteurs est déshabillé, menotté, exhibé, battu, "électrocuté" à l'aide d'une matraque "taser", comme le montre les photos diffusées par L'Express de Maurice, il est clairement question de violences policières et même d'actes de tortures.
La suite judiciaire de ce dossier ?
Le problème, désormais, pour les victimes est d'apparaître à visage découvert. Malgré les violences subies, elles avaient préféré garder le silence. La diffusion des vidéos sur les réseaux sociaux ouvre une brèche dans la cuirasse des institutions officielles, mais est-ce si facile de témoigner ?
Sur le site de IonNews, le patron, des forces de l'ordre, invite les victimes à porter plainte. Depuis dimanche, officiellement, un trentenaire a eu le courage de se rendre au commissariat de Goodlands. Aujourd'hui, son nom et son prénom apparaissent dans la presse. Cette notoriété, soudaine et involontaire, pourrait s'avérer dissuasive.
L'un des policiers mis en cause a, depuis, été suspendu. Il est suspecté d'avoir touché des pots-de-vin, mais quid des six autres inspecteurs ?
Une affaire mise au jour sur les réseaux sociaux et amenée sur la place publique grâce à la presse, des médias indispensables, malgré leurs défauts, à l'équilibre des pouvoirs.