Maurice : une pharmacie donne un traitement contre le cancer à la place de gouttes pour les yeux

(Illustration)
Une femme souffrant de problèmes oculaires est repartie de la pharmacie avec un produit injectable destiné à lutter contre les tumeurs. Cette erreur du pharmacien de l’hôpital de Mahébourg, met en lumière de nombreuses et régulières, négligences médicales.

Ce ne sont que quelques gouttes, mais elles viennent, comme les révélateurs, mettre en lumière les dysfonctionnements médicaux dont souffre l’hôpital public de l’île sœur.

Le 18 septembre 2022, Premautee Ramphul, 65 ans, se rend à la pharmacie de l’hôpital de Mahébourg, pour obtenir le renouvellement de son ordonnance. Elle souffre, entre autres, de graves problèmes de vue et doit suivre un traitement quotidien en déposant quelques gouttes de médicament sur sa rétine.

De retour à son domicile, le neveu de la sexagénaire s’inquiète de la différence de flacon entre la nouvelle et l’ancienne fiole. La nièce, en lisant l’étiquette, découvre que le produit injectable est un traitement destiné à lutter contre le cancer, écrit Défimédia.


C’est un véritable choc !


Une négligence, une surcharge de travail, une écriture illisible ?
"Ma tante a eu un véritable choc. Je suis également chamboulée. C’est une erreur grave qui aurait pu avoir des conséquences terribles", explique Ashny Gunpruth, 30 ans. Le produit en question, aurait pu rendre sa tante aveugle.

Est-ce dû à l’écriture du médecin ? Souvent, les ordonnances sont illisibles. L’un des pharmaciens explique anonymement : "Ena ekrir en abregekuma dir pe ekrir mesaz lor portab. Pour le paracétamol, par exemple, des médecins se contentent d’écrire pcm ou encore, xpin pour Chrispin. Non seulement cela ne facilite pas la tâche des employés, mais augmente aussi le risque d’erreur".

Le manque de personnel provoque des rangements hâtifs. Pour limiter les risques d’erreurs, les pharmacies tentent de respecter des emplacements prédéterminés pour chaque produit.
Enfin, des étourderies sont également liées à l’utilisation excessive des portables : "Nous rencontrons ce problème, surtout parmi les jeunes. Certains ont le téléphone collé à leur oreille, toute la journée. Ce n’est pas une attitude professionnelle".


Le public et le privé commettent les mêmes erreurs


Les erreurs lors de la remise de médicaments par les pharmacies, des hôpitaux publics et des cliniques privées, ne sont pas nouvelles. "Il n’y a pas d’augmentation à mon avis. Et cela ne se passe pas uniquement dans le secteur public, mais aussi dans les cliniques privées. Ces cas sont alors rapportés directement au Medical Council", explique le Dr Sattianundsingh Deonarain, secrétaire de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA).

L’Express de Maurice a tenté de faire la lumière sur le sujet, mais la rédaction s’est vite heurté au mur du silence qui entoure, le secret médical, comme le secret judiciaire. Selon les responsables des établissements de l’île Maurice, 98% des plaintes sont banales ou injustifiées.

Pourtant, suite à la mise au jour de l’affaire des gouttes pour les yeux, plusieurs patients et patientes ont révélé des faits particulièrement graves. Une femme de 26 ans, est restée avec une aiguille plantée, dans son bras gauche plusieurs heures après l’injection. Une femme, de 40 ans, vivait avec un écouvillon dans son ventre. Ustensile oublié à la suite d’une césarienne.