Maurice : une fin d'année amère pour les pêcheurs victimes de la marée noire

Les petits pêcheurs du Sud-Est viennent de découvrir que les 112 000 roupies mauriciennes, versées par l'assurance du MV Wakashio, pour la perte d'activité due à la marée noire, vont être amputées. 40 000 RS sont soustraits pour rembourser la Banque de développement mauricienne.

Les petits pêcheurs des villages voisins de la Pointe-d'Esny doivent avoir la vague impression d'être les dindons du Réveillon. Ils viennent de recevoir la fameuse indemnité versée par l'assurance de l'armateur japonais pour compenser les jours de travail perdus du fait de la marée noire, mais celle-ci est largement amputée. 

Ils viennent de découvrir que sur les 112 000 roupies mauriciennes (2 264 €) attendues, 40 000 RS (886 €) avaient disparu, nous apprend Le Mauricien. En 2020 et en début d'année 2021, ils ne pouvaient plus travailler, suite au naufrage du Wakashio et à la marée noire. Pour survivre, ils avaient dû faire appel à la Banque de Développement de l'île Maurice. Sans entamer la moindre discussion, celle-ci a donc récupéré l'argent et les agios en prélevant un peu plus d'un tiers de l'indemnité.

Des pêcheurs en colère

 

Tout au long de cette année 2020, et même en 2021, au fil des discussions et des annonces, les petits pêcheurs et tous les professionnels dépendant de cette activité ont eu confiance en leurs représentants et l'exécutif. Ils se sont appuyés sur les prêts pour subvenir à leurs besoins quotidiens. La reprise de la pêche et les promesses d'indemnités devaient les amener à se projeter vers 2022, avec un minimum de confiance. 

Ils n'arrivent pas à comprendre pourquoi la DBM est venue prélever cette somme sans en discuter. Ils ont toujours été conscients qu'ils devraient rembourser : "Nous recommencerions à travailler normalement. Pourquoi donc venir déduire cet argent maintenant ?", et d'expliquer, "C’est une très mauvaise surprise en cette fin d’année. On comptait dessus pour payer nos dettes."

Ce prélèvement à la source, sans concertation, fait ressurgir un point du document qu'il devait signer pour être indemnisé : "Il y est dit qu’en acceptant cet argent, on ne pourra poursuivre le propriétaire du Wakashio ni le gouvernement mauricien. Or, lors de notre rencontre avec le ministre, il avait été dit que cet argent représentait le manque à gagner, et non pas la compensation, " et de conclure, "Le ministre Maudhoo nous a une nouvelle fois menés en bateau".