Volcan sous-marin à Mayotte : l'émotion des scientifiques de La Réunion

La découverte de ce volcan sous-marin explique les épisodes sismiques enregistrés à Mayotte depuis mai 2018.
Le vaste dôme sous-marin a été mis en évidence par une mission scientifique du "Marion Dufresne". Parmi les acteurs de cette expédition, des scientifiques de La Réunion y ont participé. L'émotion est grande à la suite de cette découverte inédite. 

 
La hauteur du nouveau dôme volcanique est évaluée à 800 m avec une base de 4 à 5 km de diamètre. Un panache de fluides volcaniques de 2 km de hauteur a été observé et témoigne de la poursuite de son activité. Plongé à 3 500 mètres de profondeur dans les eaux mahoraises, ce volcan sous-marin aurait récemment émergé des entrailles de l'océan.

Cette découverte exceptionnelle a été menée par des scientifiques en mission à bord du "Marion Dufresne", navire assurant  le ravitaillement des Terres australes et Antarctiques Françaises. Cette expédition diligentée par le gouvernement avait pour mission d’apporter des éclaircissements aux multiples épisodes sismiques enregistrés à  Mayotte depuis mai 2018.
Partis en juin 2018, ces scientifiques sont revenus avec cette découverte qui dépasse toutes leurs attentes. 
 
Une mission scientifique à bord du "Marion Dufresne" a mis en évidence cette découverte volcanologique exceptionnelle.

Parmi les scientifiques de cette mission inédite, Philippe Kowalski, directeur adjoint de l'Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise. Il était à bord du "Marion Dufresne" lorsque ce dôme a été découvert. Il livre ses premières impressions  :
 
La mission s'est achevée cette semaine, avec des éléments de réponse et de très nombreuses données qui doivent encore être analysées. Elle a été menée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer  (IFREMER), l’université de la Réunion, l’Institut de physique du globe de Strasbourg (IPGS), l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l’École normale supérieure (ENS), le Centre nationale d’études spatiales (CNES) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) qui ajoute des observations terrestres à la campagne océanographique du Marion Dufresne. La mise en évidence de ce nouveau volcan sous-marin est la résultante du travail de l'ensemble de ces acteurs scientifiques. C'est la première fois que la naissance d'un volcan sous-marin est ainsi observée.


Les raisons du phénomène sismique à Mayotte


Quant à l'essaim sismique ressenti depuis 2018, l’instrumentation marine déployée va permettre de mieux le localiser.
Les scientifiques sont mobilisés pour traiter, analyser et interpréter la multitude de données acquises durant ces derniers mois. Les roches et autres autres éléments prélevés permettront ainsi, aux scientifiques d'en connaître un peu plus sur ce phénomène géologique exceptionnel. 8 millions d'années après la naissance de Mayotte.
Cette exploitation nécessitera des travaux approfondis pour évaluer les risques induits pour Mayotte en matière de risque sismique, risque volcanique et de tsunami.
 
Les scientifiques analyseront et interpréteront tous les éléments prélevés afin de comprendre la naissance de ce volcan.

 

Un engagement de l’Etat renouvelé et renforcé


Face à cette découverte, " le Gouvernement est pleinement mobilisé pour approfondir et poursuivre la compréhension de ce phénomène exceptionnel et prendre les mesures nécessaires pour mieux caractériser et prévenir les risques qu’il représenterait ". L'Etat affirme ainsi adapter depuis le début des épisodes sismiques des mesures de surveillance et de prévention en fonction de l'éclairage des scientifiques pour faire face à ce phénomène géologique exceptionnel qui n'est pas sans impact sur la population mahoraise et plus largement dans cette partie de l'océan indien.

Le gouvernement a défini un plan d’action composé des 5 axes suivants :

1) Compléter dans les meilleurs délais les dispositifs de surveillance et instruments de mesure (tels que les sismographes et les balises GPS) pour suivre en continu le phénomène 

2) Compléter, par des missions adaptées, la connaissance scientifique 

3) Procéder immédiatement à une actualisation de la connaissance des risques que présente ce phénomène et les impacts potentiels pour le territoire mahorais, dont les résultats pourront être présentés d’ici trois mois 

4) Renforcer sans attendre le dispositif de planification et de préparation à la gestion de crise. A cet effet, une mission d’appui à la planification de la sécurité civile est dépêchée pour apporter un appui au préfet (actualisation des dispositifs de gestion de crise tels que les plans ORSEC). Elle sera sur place dès ce vendredi 17 mai 

5) Informer régulièrement la population, en lien avec les élus locaux.