Médecine covid saturée, vers un tri des patients en réa : l'hôpital "au bout de ses moyens" face à la flambée épidémique à La Réunion

L'unité Covid de l'hôpital de Bellepierre.
La flambée de nouveaux cas de Covid-19 à La Réunion se traduit par une pression hospitalière jamais atteinte. La médecine Covid est saturée, tous les lits sont remplis. En réanimation, le personnel se prépare à trier les patients. L'hôpital est "au bout de ses moyens".

"Nous sommes au bout de nos moyens", "la pression est plus forte que jamais", assure Peter Von Theobald, président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion, invité ce mercredi 26 janvier, de Réunion La 1ère.

Alors que le département a le taux d'incidence le plus élevé de France, la pression est plus forte que jamais sur l'hôpital à La Réunion. Hier, mardi 25 janvier, les autorités ont annoncé 38 décès et 46 914 nouveaux cas de Covid-19, du 15 au 21 janvier. Le taux d’incidence hebdomadaire atteint 5 480 cas pour 100 000 habitants.

"Tous les lits médecine covid remplis"

Selon le président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion, ce n'est pas en réanimation que la situation est la plus critique, mais en médecine covid.

"Actuellement le gros problème ce ne sont les lits d'hospitalisation classique, nous n'avons plus de place pour mettre ni les patients covid, ni les patients qui n'ont pas de covid, prévient Peter Von Theobald.

Les patients qui souffrent d'un diabète déséquilibré, un infarctus ou autres, nous n'avons plus de place pour vous admettre, tous les lits sont pleins. Nous courrons après les lits pour essayer d'augmenter notre capacité, et trouver des médecins pour s'occuper des patients.

Peter Von Theobald

 

 

Actuellement, plus de 300 personnes covid sont hospitalisées au CHU Réunion, et ce chiffre ne cesse d'augmenter. En réanimation, la situation est aussi inquiétante.

Vers un tri des patients en réa ?

Au 25 janvier, 65 lits de réanimation étaient occupés par des patients covid, sur les 111 lits installés à La Réunion, et 36 par des patients présentant d’autres pathologies (91% du taux d’occupation). "Les choses varient vite, explique Peter Von Theobald. Certains soirs, il nous reste deux lits de disponibles sur tout le CHU et on panique en essayant de rouvrir des lits supplémentaires. Le lendemain, il y a deux décès et trois sorties et on se retrouve avec plus de lits, c'est très fluctuant".

"Nous sommes à l'aube de prendre des décisions très difficiles. Est-ce tel ou tel malade qui prendra le dernier lit de réa ? prévient Peter Von Theobald, président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion.

Imaginez le cas de conscience pour le personnel de l'hôpital. Soignez les gens avec des moyens limités c'est très difficile, ça fatigue le personnel et ça en fait craquer certains.

Peter Von Theobald

 

Regardez les précisions de Réunion La 1ère :

Covid-19 : Le CHU est "au bout de ses moyens"

 

De nouveaux renforts attendus

Cette semaine encore, de nouveaux renforts de l'Hexagone sont attendus. "Nous avons eu un peu de renfort de la réserve sanitaire nationale et régionale, il était temps car nous n'aurions pas pu aller plus loin, assure le président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion. Nous sommes au bout de ce que nous aurions pu faire en ouverture de lits de réanimation. Avec des renforts, on pourra peut-être ouvrir cinq ou six lits max en réa".

Delta remplit la réa et Omicron la médecine Covid

Seule lueur d'espoir pour ce médecin, le recul du variant Delta dans l'île. "Ce variant Delta remplit nos réa à 70 – 80% et il est en train de diminuer face à l'Omicron", remarque Peter Von Theobald.

Pour autant, la partie est loin d'être gagnée, car si Omicron ne remplit pas les services de réanimation, "il remplit quand même les lits d'hospitalisation classique". "Nous ne sommes pas sortie de l'auberge", prévient le président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion, qui lance un appel à candidature, "nous avons besoin de bras".

Pour ce médecin, "le parti de 'limmunité collective est risqué, autant que celui du confinement pour l'économie".