Anli Bourhane attend avec impatience les effets des dernières précipitations. L’hydrogéologue à l’Office de l’eau mesure les débits des rivières, les niveaux des nappes phréatiques et analyse les données pour une meilleure gestion de la ressource.
40% des pluies finissent dans les nappes phréatiques
Sur une année hydrologique moyenne à La Réunion, près de 7,5 milliards de m3 d’eau tombe du ciel. 2,5 milliards de ces m3 d’eau retourneront dans l’atmosphère sous forme d’évapotranspiration, 3,5 milliards s’infiltreront dans les sols et rechargeront les nappes phréatiques, et 1,5 milliards ruisselleront au niveau des cours d’eau et s’évacueront.
En saison sèche, la nappe phréatique se rétracte. Un phénomène particulièrement fort cette année à Saint-André, qui a fini l’année dans le rouge avec une nappe déficitaire, tout comme Le Port et Saint-Gilles.
Fin 2021, l’état des nappes phréatiques était assez conforme à la normale, d’après Anli Bourhane. Des déficits étaient observés dans trois secteurs : sur le littoral de l’Ouest à La Saline, Saint-Gilles et Les Trois-Bassins, au niveau du Port et de La Possession sur la Plaine-des-Galets, et enfin à Saint-André.
Les pluies n’ont pas un impact immédiat sur les nappes
Les pluies de ces derniers jours devraient regonfler les niveaux. Cependant, les écoulements dans les nappes phréatiques sont plus lents qu’au niveau des cours d’eau. Ainsi, l’impact de ces premières pluies ne se verra pas dans les premières semaines, explique Anli Bourhane.
" On sait qu’il y a une infiltration qui va se faire. La recharge est en train de se faire dans les nappes, mais on s’attend à avoir l’effet dans un, deux à trois mois. "
Certains secteurs se rechargent plus vite
Certains secteurs réagiront plus vite, indique l’expert, comme pour la nappe phréatique de Saint-Benoit où les effets pourraient se voir dès 2 semaines. La vitesse de recharge de la nappe dépend de l’endroit. Ainsi lorsqu’il pleut dans les Hauts, l’eau devra parcourir une distance plus longue pour s’infiltrer jusqu’à la nappe phréatique.
La vitesse de la recharge de la nappe dépend de la densité de la roche, de sa perméabilité, de la présence ou non de réservoir géologique où l’eau va pouvoir s’accumuler.
Des pluies étalées plutôt qu’intenses à un instant donné
L’idéal serait une recharge qui s’étale sur le temps, au moyen de plusieurs petits événements pluvieux sur l’année, explique l’hydrologue. Cependant, lorsqu’il y a des épisodes pluvieux intenses, comme ceux qui se déroulent en ce moment, les nappes phréatiques vont avoir la capacité de stocker l’eau plus longtemps et constituer des réserves tout au long de l’année, à la différence des cours d’eau qui effectueront une crue à un instant précis.
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Amélioration des cours d’eau dans l’Est
L’Office de l’eau a d’ores et déjà observé une amélioration très rapide dans l’Est. Le secteur a connu une situation "tendue" à la fin de l’année 2021 avec des cours d’eau déficitaires, notamment le Bras-des-Lianes, la rivière des Roches ou encore la rivière des Marsouins.
Sur les 10 premiers jours de janvier, une nette amélioration a déjà été constatée dans ces cours d’eau, annonce Anli Bourhane. Dans le Nord, un retour à la normale est constaté après un état fortement déficitaire dans la rivière Saint-Denis. Dans le Sud, les premières précipitations ont encore un effet limité, qui n’a pas encore inversé la tendance à la baisse des derniers mois.
A La Réunion, 50% de la consommation en eau provient de pompages des nappes phréatiques, et 50% est issu de captages dans les sources et rivières.