Naufrage du Wakashio : l’île Maurice en situation de crise

De l'huile s'échappe du navire, a reconnu le gouvernement mauricien ce jeudi
Cela fait deux semaines que le Wakashio s’est échoué sur le récif de la pointe d’Esny à Maurice. Depuis hier, une partie de son carburant se déverse dans le lagon. Tout est mis en œuvre pour venir à bout de cette marée noire.
"Nous sommes en situation de crise", a déclaré dans les médias Kavy Ramano, le ministre mauricien de l’Environnement. Les autorités locales ont rapporté jeudi l’apparition d’une fissure dans la coque du Wakashio, ce vraquier de 300 mètres de long qui s’est échoué sur le récif de la pointe d’Esny.

C’est ainsi une marée noire qui s’étend progressivement tout au long des côtes mauriciennes. Sur le front de mer de Mahébourg, "d’épaisses couches d’huile noire se sont encore déposées", rapportent nos confrères du Défi Média.

Au niveau de la Rivière des Créoles, le spectacle est tout aussi désolant. L'eau et les racines de mangroves sont recouverts de fioul au niveau de l'embouchure.

Ecoutez les précisions de notre confrère Finlay Salesse, journaliste à Radio One
 

Depuis la nuit dernière, précise encore une journaliste de L’Express de Maurice, des volontaires des ONG Rézistans ek Alternativ et d’Eco Sud travaillent aux côtés des autorités pour aider à l’installation de barrières flottantes anti-pollution faites de paille de cannes. Les conditions de mer qui sont extrêmement difficiles compliquent davantage la tâche des techniciens.

Un navire en provenance de la Grèce est attendu ce week-end pour pomper les hydrocarbures stockés dans les cuves. Une opération longue et délicate qui ne suffira probablement pas à contenir l’étendue noirâtre qui s’étale autour du vraquier.

Maurice a parallèlement demandé le soutien de l’Afrique du Sud, mais aussi celui de La France pour disposer du plan Polmar, un plan d’intervention déclenché en cas de pollution marine accidentelle. Ce dispositif avait déjà été déclenché en décembre 2010 après l’incendie d’un navire dans le port de Saint-Gilles.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
 

Les services de Météo France ont été sollicités par la préfecture de La Réunion et le Cross (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) pour lancer une simulation de dispersion de la nappe d'hydrocarbure afin d'évaluer le risque de pollution pour la Réunion.
 
Météo France dispose pour cela d’un modèle de dérive en mer baptisé MOTHY. Celui-ci tient compte d'un grand nombre de données, en particulier des vents observés et des prévisions de vents, mais aussi des courants marines plus profonds, analysés et prévus par le système d'océanographie Mercator Océan et le programme européen Mediterranean Forecasting System.

Pour les 3 prochains jours, les prévisions de dérive des polluants n'envisagent en tout cas pas de dispersion en dehors du lagon de l'île Maurice. C’est ce qu’avait déjà indiqué la préfecture dans un communiqué transmis hier soir.

"La Réunion n’est pas à l’abri d’une pollution", commente pour sa part le député Jean-Hugues Ratenon dans un communiqué. "L’écosystème du lagon mauricien va subir des dégâts considérables, selon les spécialistes et les associations de protection de l’environnement. (...) A côté de l’Etat français, l’Etat mauricien et des associations, la Commission de l’Océan Indien (C.O.I) doit immédiatement se mobiliser et prêter main forte. Tous les moyens, et ils existent, doivent être mis en œuvre pour éviter le désastre écologique".