Noël est-il menacé en Inde ?

Une famille pose devant un père Noël à Bombay (Inde), le 23 décembre 2014. (PUNIT PARANJPE / AFP)
Le jour est férié dans le pays depuis l'époque coloniale britannique, mais le parti BJP tente, par petites touches, de le remettre en cause. Et la franche la plus radicale de ce parti nationaliste hindou voudrait aller plus loin.
En Inde, le père Noël n'est pas en odeur de sainteté. Depuis le retour au pouvoir du parti national hindou BJP dans le pays, en mai 2014, Noël est dans le collimateur de la frange la plus hindouiste de ce parti. Le 25 décembre est en effet devenu un jour férié en Inde lors de la domination coloniale britannique (1750-1947). Or, seule une infime partie de la population du pays (2 à 3%) est chrétienne, contre 80% d'hindouistes, même si beaucoup de non-chrétiens tiennent à faire la fête ce jour-là.
 
Deux hypothèses sont privilégiées par le BJP pour changer la nature de Noël : en faire un jour où l'on organiserait des conversions de force à l'hindouisme (des "ghar vaspi") ou rouvrir les écoles ce jour-là, relève Courrier International. Néanmoins, d'après le quotidien indien Business Standard (en anglais), le Premier ministre, Narendra Modi, a observé un silence poli avant de demander à sa majorité de se consacrer aux réformes économiques et sociales.
 
"Les chrétiens se sentent menacés"
 
La constitution indienne ne privilégie aucune religion, mais certains dans les cercles du pouvoir voudraient que cela change. Pour preuve, l'affaire du "jour de la bonne gouvernance". Un évènement a été créé de toute pièce par le Parlement à l'automne, et fixé, comme par hasard, le 25 décembre. Au départ, c'était l'occasion d'organiser des débats et diverses compétitions dans des écoles. Finalement, sous la pression des chrétiens, les écoles demeureront fermées.
 
"Il n'est pas question d'empêcher Noël. Les gens pourront le fêter, comme ils peuvent fêter le jour de la bonne gouvernance ou l'anniversaire de Vajpayee [un ancien Premier ministre indien étiqueté BJP]", tente de rassurer un ministre, dans le Times of India (en anglais).
 
Le précédent passage du BJP au pouvoir, à la fin des années 1990, s'était accompagné d'un regain de violence envers les chrétiens. Ils ne sont pas plus rassurés aujourd'hui. A en croire Alwan Masih, un responsable religieux du nord de l'Inde, cité par Christian Today (en anglais), "les chrétiens se sentent menacés".