C'est parti pour les Nuits Sans Lumières ! A compter de ce jeudi 4 avril, et jusqu'au vendredi 3 mai prochain, les Réunionnais, en particulier les collectivités et les entreprises réunionnaises, sont invités à participer à cette opération visant à préserver les jeunes pétrels de Barau.
Lorsqu'ils quittent leur nid pour leur premier envol vers l’océan entre mars et avril, ces oiseaux endémiques de La Réunion sont très fortement impactés par la pollution lumineuse. C'est ainsi que la plupart des municipalités s'engagent depuis longtemps déjà à éteindre l'éclairage public.
Le reportage de Réunion La 1ère :
Un risque accru d'échouages
"Le message est simple, répète Christian Léger, le président de la SEOR, la Société d’études ornithologiques de la Réunion. C'est d'éteindre les lumières ou a minima de diminuer l'intensité des lumières, et puis de respecter la loi tout simplement puisqu'il y a un arrêté qui donne les consignes d'utilisation des lumières nocturnes".
Pour Christian Léger, cette piqure de rappel n'est pas anodine au vu du nombre encore important d'échouages d'oiseaux marins dans l'île. Lors de la saison 2023, plus de 1 035 pétrels ont été pris en charge par le centre de soins et son réseau de sauvetage.
Et cette année, la SEOR estime déjà qu'entre 580 à 830 individus devraient être retrouvés échoués durant ce mois d'avril en raison des conditions lunaires. Un chiffre qui pourrait même être largement dépassé en cas de mauvaise météo ou de non respect de ces Nuits Sans Lumières.
D'autres espèces également menacées
Et les pétrels de Barau ne sont pas les seules espèces menacées, souligne Christian Léger. "Il y a aussi les pétrels noirs qui sont une espèce en danger critique d'extinction, ou encore les puffins tropicaux ou les puffins du Pacifique qui s'échouent presque tout au long de l'année".
Les consignes restent les mêmes : "Si vous trouvrez un oiseau échoué, appelez la SEOR et ramenez-le dans un carton et ne lui donnez surtout pas à manger", insiste encore Christian Léger.
Des éclairages trop puissants et mal orientés
Chaque année, la SEOR appelle les gestionnaires d’éclairages publics, acteurs privés et sportifs à participer à cet effort de réduction des éclairages et d’extinctions. Mais il reste encore beaucoup d'efforts à faire, indique Léo Chevillon, chargé de mission des oiseaux marins et de la pollution lumineuse à la SEOR.
"La très grande majorité des éclairages à La Réunion sont encore trop anciens, trop polluants, trop puissants et trop mal orientés et on est obligé de demander leur extinction pour éviter des échouages en masse", explique-t-il.
Des lampadaires nouvelle génération à Saint-Denis
"Mais heureusement, il y a des rénovations", ajoute le spécialiste qui donne l'exemple de la municipalité Saint-Denis dont les lampadaires peuvent être commandés à distance.
"Pour la première fois, cette année, on va pouvoir réduire la puissance des lampadaires qui ne seront plus qu'à 10-20% de puissance, salue M. Chevillon. Le risque d'échouage sera normalement très grandement diminué et on espère que d'ici quelques dizaines d'années la très grande majorité des éclairages de La Réunion sera rénové de la même façon. Et peut-être que dans dix ans, il n'y aura plus besoin de faire des Nuits sans lumière..."