En avril 2007, lors de "l'éruption du siècle" du Piton de la Fournaise, La Réunion découvrait l'existence de nouvelles espèces de poissons remontés à la surface sous l'effet de la chaleur provoquée par la lave dans les fonds marins réunionnais.
Suite à cette découverte, les scientifiques ont été tentés d'en savoir plus sur la biodiversité marine de la côte sauvage réunionnaise. Lancé à la fin de l'année 2011, le projet Biolave avait ainsi conduit à l'organisation d'une expédition scientifique au niveau des coulées sous-marines du volcan. Plus de 1 300 espèces ont été découvertes dont plusieurs qui étaient jusque-là inconnues.
Après le projet Biolave...
La curiosité appelant la curiosité, c'est un nouveau pas qui est franchi par les scientifiques réunionnais avec "Objectif 1 000", une expédition océanographique menée par le Muséum d'Histoire naturelle, l'association Sciences Réunion et le bureau d'études Galaxea spécialisé en biologie marine.
L'objectif est donc d'aller à la découverte de la biodiversité marine réunionnaise à plus de 1 000 mètres de profondeur. "Pour découvrir des espèces inédites, on a décidé d’aller un peu plus loin que tout ce qu'on connaissait actuellement à La Réunion", explique Patrick Durville, ichtyologue docteur en Océanologie.
Des conditions extrêmes
A 1 000 mètres de profondeur, les conditions sont extrêmes, entre le noir absolu qui y règne, la température très froide (3 à 4°C) et surtout la pression énorme exercée par l'eau (plus de 100 kilos par centimètre carré).
Et pourtant, il y a bien de la vie. "Les abysses, ce sont de grands déserts mais les organismes qui y vivent sont tellement bien dotés en organes sensoriels pour capter des odeurs, des sons, ou des ondes, qu'ils vont être capables de détecter un appât même à une très grande distance", décrit Thierry Mulochau, du bureau d'études Biorécif.
Déjà de nouvelles espèces découvertes
"On a mis en œuvre quelques engins de collecte, décrit encore Patrick Durville. Des casiers, des palangres et des mini dragues pour racler le sédiment et ramener des organismes". Les spécialistes missionnés ont déjà réalisé 9 sorties et ils doivent encore en réalisé une vingtaine d'autres.
"Ces premières sorties ont déjà montré des espèces très intéressantes et notamment certaines espèces que l'on n'avait jamais rencontrées à La Réunion mais qu'on connaissait ailleurs, comme un petit requin, une espèce de morue ou des anguilles qu'on appelle les anguilles égorgées", indique Patrick Durville.
Crustacés, mollusques, poissons,... Les scientifiques espèrent recenser le maximum d'espèces. "C'est une véritable richesse", souligne Gaël Potin qui est en charge des collections du Muséum d'Histoire naturelle. "On a affaire à une découverte sur notre patrimoine naturel. Il y a un déficit de connaissances sur ces grands fonds et il y a tout un intérêt à y aller et on peut parier qu’on va continuer à descendre et à trouver de plus en plus de choses".