Les Karenjy : Des voitures 100% malgaches à l'assaut du marché local

Un prototype de Mazana 1
Le petit atelier automobile malgache construit les "Karenjy", les seuls véhicules "Made in Madagascar", sans robots ni chaîne de montage. Pour l'instant, l'usine produit à peine une douzaine de véhicules par an. Elle ambitionne d'en construire 200 d'ici peu.
Un nouveau modèle 4x4 vient d'être présenté à la presse, la "Mazana II", qui espère bien se faire une petite place dans les gigantesques embouteillages d'Antananarivo, entre les européennes, les japonaises et autres voitures importées.
 
Comme ses devancières, elle n'a ni vitres électriques, ni GPS intégré, ni airbag. Son argument est la rusticité, et la facilité d'entretien et de réparation. Son design anguleux et massif la distingue très nettement de ses concurrentes étrangères aux courbes fluides.

une renaissance pour l'atelier créé en 1984
 
"Karenjy renaît de ses cendres après être resté dans le coma durant 15 ans", se félicite Luc Ronssin, un Français gérant de l'entreprise, qui espère porter à 200 véhicules par an d'ici 2017 la production de Mazana II. Le chiffre paraît ridicule, mais il est à comparer avec le nombre de voitures importées dans l'île: 8.600 pour toute l'année 2013.
 
Karenjy ("Balade", en malgache) fut fondé en 1984, avec le soutien de l'Etat à l'époque, mais dut mettre la clef sous la porte en 1993, faute de moyens financiers.
 
Ce n'est qu'en 2008 qu'une "entreprise solidaire" franco-malgache, Le Relais, décida de ressusciter l'atelier pour reprendre la production et donner du travail à des personnes en difficulté.
 
Pas de robots ni de chaîne de montage: les voitures sont fabriquées à la main et chacun des 70 employés a sa spécialité. "Gagner de l'argent n'est pas le problème, la question est de savoir quoi faire avec pour un réel développement humain", assure Luc Ronssin.

une entreprise "coulée" par la crise politique
 
Mais au moment où l'usine recommençait à produire quelques voitures en 2009, la crise politique frappa le pays, après le renversement du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina. La communauté internationale condamna ce coup d'Etat. Les aides et investissements se tarirent. Et le pays plongea dans une ère d'exclusion de la scène internationale et d'appauvrissement généralisé.
 
L'ordre constitutionnel est revenu depuis le début de l'année à Madagascar, mais plus de 90% des habitants du pays vivent toujours avec moins de 2 dollars par jour.
 
Pour l'heure, il est rare de croiser une ancienne Karenjy dans les gigantesques embouteillages d'Antananarivo, où roulent encore de très nombreuses 2CV ou 4L françaises. "Mais regardez bien, vous en trouverez quelques-unes", sourit Luc Ronssin, reconnaissant toutefois que "la plupart roulent en province, surtout à Fianarantsoa".