Octroi de mer : acteurs politiques et économiques font bloc contre une réforme totale

Les représentants des collectivités et du monde économique local font bloc pour défendre l'octroi de mer
La colère ne retombe pas après le récent rapport de la Cour des comptes préconisant le remplacement de l'octroi de mer par une TVA régionale. Rassemblés à la pyramide inversée, ce jeudi 14 mars, représentants des collectivités et du monde économique local font front commun pour défendre cette taxe.

"De la pédagogie plutôt que de la démagogie", le ton est donné par Huguette Bello. La présidente de la Région Réunion est vent debout contre la refonte de l'octroi de mer conseillée dans le dernier rapport de la Cour des comptes.

Cette taxe vieille de près de quatre cents ans a pour ambition de protéger la production locale. À La Réunion, c'est de la compétence de la Région de fixer les taux de ce droit de douane sur les produits importés.

"Une économie sur le dos des consommateurs réunionnais" 

Huguette Bello ne digère pas la méthode employée par le gouvernement pour faire des économies.  "Nous ne disons pas qu'il ne faut pas dépoussiérer l'octroi de mer mais il faut qu'il y ait concertation. Et il n'y en a eu aucune. C'est scandaleux". 

La suppression de l'octroi de mer d'ici 2027 est inenvisageable pour la présidente de Région. Le porte-monnaie des Réunionnais, la production locale et les finances des communes seraient mis à mal.

"Ce gouvernement veut faire 10 milliards d'économie, ça sera donc une économie sur le dos des consommateurs réunionnais. Quand on voit la liste des produits du bouclier qualité prix, liste sur laquelle il n'y a pas d’octroi de mer, regardez-le prélèvement TVA qui y est fait".

Huguette Bello, présidente de la Région Réunion

Une TVA qui s'élève actuellement à 8,5%. Mais, cette taxe pourrait doubler, si l'octroi de mer est supprimé d'ici 2027 et remplacé par la TVA régionale. Une hausse qui affectera à coup sûr les prix à la consommation. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

 

Réforme de l'octroi de mer : acteurs politiques et économiques font bloc pour maintenir cette taxe ©Réunion la 1ère

Un lourd tribut pour le secteur industriel 

Pour les acteurs économiques de l'île, réformer l'octroi de mer serait la porte ouverte aux produits importés au détriment de la production locale.

Le président de l'ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion) se montre guère optimiste pour le secteur industriel. Le constat est sans appel. 

"Dans vingt ans, on aura perdu les 22 000 emplois industriels à La Réunion. C'est une certitude, on a du mal à être aux mêmes prix et même moins chers que les produits importés en ayant une protection d'octroi de mer" .

Une taxe indispensable pour les communes

En 2022, sur les 557 millions d'euros générés par l'octroi de mer à La Réunion, 413 millions ont été reversés aux communes.

C'est une recette fiscale primordiale pour le fonctionnement des villes. Sa suppression aurait des conséquences sans précédent dans la gestion des mairies comme l'explique Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph et vice-président de la Région.

"C'est 30 % de nos recettes de fonctionnement. Des personnes en CDI aujourd'hui, se retrouveraient dans l'obligation de ne plus travailler. Les personnes qui partiront à la retraite ne pourraient plus être remplacées. La qualité du service public ne serait plus possible"

Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph et vice-président de la Région

Unis contre la suppression de l'octroi de mer, les collectivités de La Réunion, le Medef, la CPME et l'ADIR ont signé une motion pour pouvoir intégrer un groupe de travail et mener à bien cette réflexion autour de la refonte de cette taxe.