C'est un ingrédient indispensable de la cuisine péï et certains amateurs le surnomment même l'or blanc de La Réunion. Mais l'ail péï doit faire face à une concurrence exacerbée.
En 2019, d'après les chiffres de la Chambre d'agriculture de La Réunion, 80 tonnes d'ail étaient produites localement contre les 1 740 tonnes importées majoritairement de Chine. Et aujourd’hui, 150 tonnes sont produites localement sur les 2 000 tonnes consommées à La Réunion.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Petite Ile, "capitale de l'ail péï"
A Petite-Ile, "la capitale de l'ail péï", une vingtaine de producteurs produisent chaque année plus de 35 tonnes d'ail. La majeure partie des professionnels est en fain installée dans ce paisible écart du Sud de l'île que sont installés .
Comme chaque année, ils participent à la traditionnelle fête de l'ail et pour cette édition 2023, les amateurs ont rendez-vous du jeudi 26 au dimanche 29 octobre prochain pour faire leur marché, et en particulier durant les deux derniers jours de l'évènement dédiés à la vente directe, du producteur au consommateur.
Et cette année, le kilo de l'ail devrait se négocier autour des 15 euros, tout de même.
Manque de main d'oeuvre
Edy Barret est lui-même producteur d’ail péï à Petite-Ile et il espère écouler une bonne partie de sa production pour l'occasion. "Cette année, j'ai récolté deux tonnes d'ail. Pour le peu que j'ai planté, je m'en sors bien", confie-t-il.
Sa dernière récolte a eu lieu il y a une quinzaine de jours, au début du mois d'octobre, après cinq mois de dur labeur. "Mais il y en a quand même un petit moins que l'année dernière parce qu'au fil des années, il y a de moins en moins de main d'oeuvre alors qu'il en faut beaucoup, notamment pour le nettoyage des bulbes".
Faire de l'agriculture différemment
Pour l'agriculteur, la profession doit à présent se moderniser pour que la nouvelle génération ait envie à son tour de produire le condiment péï. "La génération à venir devra faire de l'agriculture différemment", estime Edy Barret.
"Ils ne voudront pas travailler comme nous-mêmes ou nos ancêtres, parce que c'est un travail pénible, poursuit-il. C'est d'ailleurs parce qu'il faut beaucoup de main d'oeuvre que l'ail péï est aussi cher. Forcément, ça coûte de l'argent".
Aller vers la mécanisation
José Fontaine, chargé d’études à la Chambre d’agriculture, partage cet avis. "L’intérêt, ce serait d’aller vers la mécanisation, et notamment pour la plantation", confirme-t-il.
"Sur ce poste-là, on pourrait gagner un temps fou. Après, il y a d'autres solutions comme le paillage ou le plastique, par exemple, pour éviter la pousse des mauvaises herbes et là-dessus, on économiserait aussi beaucoup de temps et d’argent".
Olivier Fontaine, le secrétaire général de la Chambre verte, évoque aussi l'explosion générale des charges ou encore les problèmes de semence. Sans compter les maladies comme par exemple la pourriture blanche.
Revoir l'interview d'Olivier Fontaine sur Réunion La 1ère :
Pas de pesticide pour Edy
Encourager la mécanisation et donc recourir aux machines pour pallier au manque de main d'oeuvre. Edy Barret n'a pour sa part pas encore réalisé ce virage mais il s'est déjà mis au paillage, et notamment parce qu'il a fait le choix de ne pas utiliser de pesticide sur sa parcelle de 3 000 m2.
"A cette altitude, je préfère cultiver sur paillage parce qu'en hiver, il fait tellement froid que la plante ne peut pas profiter du soleil. Le paillage réchauffe le sol et c'est bénéfique pour la plante", explique-t-il. Et son savoir-faire hérité de ses aieuls est reconnu puisque Edy Barret a remporté à plusieurs reprises "le prix de la plus belle gousse d'ail".
Privilégier la qualité pour les produits péï
Pour la Chambre d'agriculture, l'accent doit être porté sur le développement des produits prioritaires fortement concurrencés comme l'ail, mais aussi l'oignon, la carotte et la pommes de terre.
Il s'agit pour celle-ci d'encourager la consommation de ces produits locaux en misant sur la qualité et le renforcement du lien entre agriculteurs et consommateurs.