L'ail péi en fête à Petite-Ile malgré une production en baisse cette année

L'ail péi en fête à Petite-Ile
De vendredi à dimanche, la commune de Petite-Ile accueille sa traditionnelle Fête de l'Ail. Cette année, elle se tient dans un contexte plutôt morose, marqué par une baisse de la production péi : à peine 100 tonnes. Explications.

"Une belle botte d'ail c'est une botte pour laquelle on a choisi les meilleures têtes !" sourit Eddy Barret, producteur de ce condiment de la famille des liliacées, indispensable aux bons carrys.

"Il faut aussi les toucher pour voir s'il n'y a pas de têtes molles", poursuit-il en attachant ensemble une bonne douzaine de ces bulbes bien secs et dodus. Le Petit-Ilois sait de quoi il parle : il a remporté le concours de la plus belle botte d'ail déjà cinq fois ! 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Comment se porte la production d'ail à La Réunion ? Reportage à la Petite-Ile.

Entre 15 et 20 euros le kilo

Lui comme plusieurs autres producteurs de Petite-Ile sont en pleine préparation de la traditionnelle Fête de l'Ail, qui aura lieu du vendredi 25 au dimanche 27 octobre 2024, au Domaine du Relais. 

Pour sa part, Eddy Barret n'aura cette année que 200 kilos d'ail à vendre sur son stand. Mais ce sont les 200 plus beaux kilos de sa récolte, assure-t-il. Chaque botte - de 500 grammes à un kilo - sera proposée à un prix situé entre 15 et 20 euros le kilo, en fonction de la grosseur des têtes. 

Petite-Ile, "terroir de l'ail"

Ce produit fait depuis toujours la fierté de la petite commune rurale du Sud Sauvage. Petite-Ile, c'est le terroir de l'aîl, "comme le safran à la Plaine-des-Grègues, et comme la lentille à Cilaos", lance Eddy Barret. L'agriculteur estime que la terre de sa commune est propice à cette culture, notamment là où il se trouve, à 1 000m d'altitude, soit à un endroit assez frais pour que l'ail prospère. 

"Je pense qu'on a des sols bien adaptés à l'ail à Petite-Ile", avance-t-il, ajoutant que la production de ce secteur se distingue de celle des autres endroits déjà par son aspect. "L'ail lé blanc, tandis qu'à Cilaos l'ail lé rose. Après dans les hauts, l'ail lé différent des bas", explique Eddy Barret. 

Production en baisse

Malgré tout, sa production 2024 est plus faible que les années précédentes, en raison de la difficulté pour lui à trouver des semences. Une difficulté parmi d'autres, laisse-t-il entendre. 

"On gagne sa vie avec l'ail, mais le gros souci aujourd'hui, c'est la main d'oeuvre. Avant, l'ail c'était familial", souligne Eddy Barret. 

Une culture contrainte 

Chez un autre producteur de Petite Ile, Alexandre Mussard, le volume produit est plus important que chez Eddy Barret, mais quand même en nette diminution cette année. Sur 4 000m2, 1,3 tonne d'ail récoltée, dont 500 à 700 kilos partiront ce week-end lors de la fête. 

Il énumère les raisons de cette baisse de production : "le climat, beaucoup de pluie qui lessive à chaque fois le sol, de plus en plus de contraintes phytosanitaires et des produits qu'on ne trouve plus sur le marché, alors que les insectes eux, sont toujours là". 

Mais Alexandre Mussard ne veut pas baisser les bras, et incite tous les producteurs d'ail péi à en faire de même, surtout "dans ce contexte où on va de plus en plus vers le bio, alors qu'on n'arrive pas à produire l'ail en biologique". 

Un peu moins de 100 tonnes d'ail en 2024

Les bonnes années de l'ail semblent appartenir au passé : si les quelques 80 producteurs de La Réunion en avaient produit 150 tonnes en 2022, 130 tonnes en 2023, cette année, il faudra faire avec un peu moins de 100 tonnes de ce condiment. 

Selon Komathi Taïlamé, technicienne spécialisée dans l'ail à la Chambre d'Agriculture de La Réunion, la quinzaine de producteurs de Petite-Ile atteint tout juste les 10 tonnes de récolte cette année. 

Peu de semences, et des producteurs qui arrêtent 

Elle aussi met en avant les soucis d'approvisionnement en semences. Celles-ci ont eu du mal à être conservées. "Avec la pluie, Belal, ça a pourri", constate la technicienne agricole. Sans compter d'autres menaces pour l'ail, que représentent la maladie de la rouille, due à un champignon, et les attaques de thrips, ces petits insectes nuisibles.  

"L'ail demande beaucoup de travail, beaucoup de traitements, alors que le prix des produits phytosanitaires a beaucoup augmenté. Avec le changement climatique, beaucoup de maladies et de virus attaquent cette production". 

Komathi Taïlamé, technicienne spécialisée dans l'ail à la Chambre d'Agriculture

Dans pareil contexte, "beaucoup arrêtent", commente Komathi Taïlamé. 

Fête de l'Ail au Domaine du Relais, du 25 au 27 octobre

Cette situation plutôt morose n'empêchera pas Petite-Ile de tenir sa Fête de l'Ail ce week-end. Car, pour la commune, qui compte une quinzaine de producteurs sur une dizaine d'hectares au total, cette culture est emblématique. "Nos collègues de Cilaos et Saint-Leu en font, mais le berceau de l'ail à La Réunion, c'est Petite-Ile", affirme fièrement son maire, Serge Hoareau. 

Tout le week-end, au Domaine du Relais, stands, animations et concerts sont prévus pour fêter la fameuse gousse. Ceux qui croient détenir la meilleure technique pourront pourquoi pas, participer au concours du meilleur nettoyeur d'ail, samedi matin.