La revue "Nature Communication" publie une étude relayée par l’Observatoire du Piton de la Fournaise, mardi 17 mai. Elle révèle que le flanc Est du Piton de la Fournaise glisse vers la mer. Ce phénomène est inédit sur notre île, mais pas dans le monde.
Ce glissement du flanc Est du volcan est visible sur des images satellitaires qui ont été prises pendant plus de 20 ans au-dessus du Piton de la Fournaise.
Des risques de tsunamis et séismes
Les chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans (CNRS, Université Clermont Auvergne) et de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (Institut de Physique du Globe de Paris) révèlent donc ce mécanisme de glissement de flanc.
Ils expliquent que ces "déstabilisations de flanc des volcans sont un enjeu majeur, puisque les tsunamis et séismes qu’elles engendrent sont responsables de 24 % des décès liés au volcanisme". Au large des îles volcaniques, des dépôts d’avalanche de débris témoignent de glissements de flancs récurrents.
Un laboratoire à ciel ouvert
A La Réunion, le Piton de la Fournaise entre en moyenne en éruption plus de 2,5 fois par an. Sa forte activité et le suivi systématique de ses déplacements par imagerie satellitaire depuis plus de 20 ans, font de notre volcan un laboratoire à ciel ouvert.
Bien souvent, le Piton de la Fournaise éclaire sur le fonctionnement d’autres volcans à l’activité moins intense, précise l’Observatoire du volcan.
57 éruptions et un flanc qui s’ouvre vers la mer
Pour cette étude, les chercheurs ont interprété les 57 éruptions capturées par des images satellitaires entre 1998 et 2020. Ils ont pu montrer que "la plupart des fractures magmatiques étaient guidées par une structure majeure en forme de cuillère, ouverte vers la mer".
"L’étude révèle un mécanisme de glissement inédit, caractérisé par un continuum allant de l’ouverture au glissement pur", précise l’Observatoire du Piton de la Fournaise.
La direction prise par le magma
La faute au magma. "Lorsqu’il s’injecte dans la partie verticale de la structure, il l’ouvre, mais lorsqu’il force son passage dans la partie horizontale, celle-ci coulisse et entraîne avec elle l’ensemble du flanc vers la mer", détaille les scientifiques de la Plaine des Cafres.
Cette structure se termine par une faille sismique, activée lors d’une éruption en 2007, mais qui est pour l’instant bloquée.
Les scientifiques préviennent à "l'échelle des temps géologiques", c’est-à-dire à long terme, "des injections de magma répétées dans ce type de structure pourraient conduire à des séismes importants ou à des effondrements des flancs".