Hier, dimanche 15 octobre, Mgr Pascal Chane-Teng a été ordonné évêque de La Réunion au cours d'une cérémonie ayant rassemblé plusieurs milliers de fidèles sur la grande place du Chaudron.
Au lendemain de cet évènement, le successeur de Mgr Gilbert Aubry s'est confié sur le plateau du journal télévisé de Réunion La 1ère.
"En osmose avec tous les fidèles"
De ce moment historique dont la portée dépasse le seul cercle de la communauté catholique, le nouveau chef spirituel de l'Eglise retient en particulier cet instant où il a pris la place de son prédécesseur sur le cathèdre.
"Après avoir reçu les insignes, à savoir le chapeau, l'anneau et la croix, c'est de s'asseoir sur le siège de présidence et d'être en osmose avec tous les fidèles devant moi", a-t-il confié à notre journaliste Pascal Souprayen.
Regardez l'interview de Mgr Pascal Chane-Teng sur Réunion la 1ère :
"Le changement dans la continuité"
Interrogé sur la politique qu'il entendait mener à la tête de l'Eglise réunionnaise, Mgr Chane-Teng a confié qu'il comptait oeuvrer dans la continuité du travail accompli par Mgr Gilbert Aubry. "Selon la formule consacrée, ce sera le changement dans la continuité. C'est à construire ti pas, ti pas", indique-t-il.
"Ma mission est à construire et à découvrir touche par touche, poursuit le nouvel évêque. Je demande à Dieu l'inspiration, "doucement, doucement"". Alors que son prédecesseur avait pour devise "Joie, Espérance, Justice et Paix", lui prône "la paix et la force dans l'Esprit Saint".
"Paix et force dans l'Esprit Saint"
Une devise qui a une résonance particulière alors que, de l'autre côté de la planète, la guerre Israël-Hamas fait rage, avec ces victimes de part et d'autre de la Bande de Gaza. Dimanche, lors de sa cérémonie d'ordination, Mgr Chane-Teng a notamment appelé à prier pour les victimes de ce conflit.
Sur le plateau de Réunion La 1ère, Mgr Pascal Chane-Teng s'est une nouvelle fois exprimé sur ce sujet hautement sensible. Pour le nouvel évêque, il faut "condamner toute violence, quelle qu'elle soit".
Regardez la seconde partie de l'interview de Mgr Pascal Chane-Teng sur Réunion la 1ère :
Prier "pour toutes les victimes locales de ce conflit"
"La violence est un problème spirituel très grave qui est présentée dès le départ dans la Bible. C'est un problème démoniaque, et pas seulement un problème politique ou social. Le Mal ne veut pas que nous soyons heureux", a-t-il déclaré.
Plus concrètement, il estime que "l'Eglise doit parfois combattre, mais pas avec les armes, et faire prendre conscience que la violence est en nous d'abord". Il conclut : "Nous prions encore une fois pour toutes les victimes locales de ce conflit".
"Il y a des torts partagés"
Pour rappel, le pape François a lancé un appel à l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires pour les habitants de la bande de Gaza. "Je demande avec force que les enfants, les malades, les anciens, les femmes et tous les civils ne soient pas victimes du conflit", a-t-il ajouté, demandant aussi la "libération des otages" détenus le groupe islamiste du Hamas.
"Il y a des torts partagés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", a de son côté estimé Mgr Chane-Teng. Il y a une spirale de violences avec des auteurs de part et d'autres. Nous espérons, avec les policiens, et avec l'inspiration de Dieu, qu'il y ait un jour une solution politique pour un territoire partagé".
Garder espérance
L'évêque de La Réunion a par ailleurs rappelé que le Vatican jouait déjà un rôle diplomatique dans ce conflit global entre Israël et la Palestine. "Les changements sont très lents, là-bas comme chez nous".
Pascal Chane-Teng confie avoir lui aussi peur d'un embrasement. "Et en même temps, il faut garder espérance", rajoute-t-il en évoquant en comparaison le passif franco-allemand. "C'était deux pays ennemis avec trois guerres en moins d'un siècle (1870, 1914 et 1935) et aujourd'hui, ils sont réconciliés, a-t-il rappelé. S'il faut du temps, eh bien, que le Seigneur aide à cette réconciliation au Moyen-Orient".