Il faut s’aventurer au cœur des chemins de La Réunion pour découvrir cette exposition. Noir et blanc ou en couleurs, paysages ou portraits, les photographies d’Oliver Lardeux se suivent mais ne se ressemblent pas. Mais peu importe puisque ce n’est pas la destination qui compte mais bien le chemin emprunté et les personnes rencontrées sur celui-ci.
Le reportage de Réunion La 1ère :
L’important, c’est le trajet
A travers ses photographies, l’objectif d’Olivier Lardeux est clair : il ne suffit pas de parvenir à destination, il faut prendre le temps et s’arrêter en chemin. Car c’est cela l’apprentissage de la vie. S’arrêter, observer, admirer, écouter. Ecouter les parcours de chacun, les expériences multiples qui façonnent une personne.
Chemins multiples
Trouver sa voie par le biais de plusieurs voix, d’histoires différentes, de rencontres fortuites mais intenses. Puis faire ses propres choix. Car il n’existe pas qu’un seul chemin pour Olivier Lardeux. Ils sont multiples, peuvent s’entrecroiser. On peut se tromper de chemin et y revenir ensuite ou alors en prendre un nouveau qui nous correspond mieux.
Une reconversion en 2016
C’est d’ailleurs en 2016 qu’Olivier Lardeux décide de changer de chemin. Après avoir travaillé dans la restauration, il décide de suivre sa passion de toujours : la photographie. Animé par le lien qui unit l’homme et son environnement, et fasciné par La Réunion – où il vit depuis une vingtaine d’années - et par La Plaine des Cafres, c’est tout naturellement qu’il se lance dans ce projet artistique en 2018.
Métaphore du conte social
Partir à la rencontre des habitants du petit village de Bourg Murat (où Olivier Lardeux a vécu pendant 15 ans), raconter leur quotidien et les paysages qui les entourent. "Je connaissais quelques personnes puis de fil en aiguille on m’en a indiqué d’autres qui avaient des histoires à raconter, parfois même des voisins que je n’avais pas pris le temps de découvrir", explique-t-il, se remémorant le cheminement de son projet.
Moino, une photo du lien fraternel
Comme l’histoire de Moino, ou Jonathan, figure emblématique du village qui travaillait à la station-service. "Tout le monde le connaissait et ce qui est drôle c’est que son surnom, Moino, n’était pas le sien. C’était celui de son grand frère qui chassait les oiseaux. Mais un soir, les amis de Jonathan l’ont surnommé comme tel et c’est resté", raconte le photographe de 49 ans.
En toile de fond de cette histoire, une photographie originale, où trois têtes se partagent un seul corps. Les corps des trois frères se superposent pour n’en former plus qu’un, symbole du lien fraternel.
"J’ai voulu mettre en scène ce lien fraternel qui les unit. D’autant plus que le surnom du petit frère, c’est Moino junior"
Olivier Lardeux, photographe
"Recréer l'identité du village"
Pour Olivier Lardeux, chaque histoire a une saveur particulière : "Quand on nous raconte une histoire avec sincérité, elle devient importante".
A travers cette métaphore de la vie, le photographe met l’accent sur un constat : "Dans un village, on ne se connaît pas, mais lorsqu’on vous raconte quelque chose dans une maison puis dans une autre, c’est à ce moment-là qu’on arrive à faire des liens et à recréer l’identité du village".
Du jaune en arrière-plan
Ambiance brumeuse, paysages désertiques hivernaux de la Plaine des Cafres qui contrastent avec la chaleur de la caze créole, expressions fixes de visage, traits tirés par la fatigue ou la vieillesse.
C’est dans une volonté de rendre hommage aux personnes et au territoire et à l’atmosphère si particulière de la Plaine des Cafres que s’inscrit l’exposition d’Olivier Lardeux. Bien plus que de simples photographies, la brume grisâtre dresse une toile de fond teintée de jaune, à l’instar des lacrymogènes de nombreux weekends passés sur les ronds-points.
Une expo, mais aussi un livre
Trois ans, de nombreuses photographies, plus d’une vingtaine d’interviews en créole retranscrites dans un livre « Chemin Volkan » et même un film. Un travail de longue haleine qui invite au voyage tout en prenant le temps.
Pari réussi pour Olivier Lardeux. Si les curieux se pressent afin d’assister à une éruption du Piton de La Fournaise, admirer les coulées de lave rouge et jaune, c’est d’une toute autre éruption que souhaite parler le photographe. Une éruption sociale avec une date clef dont tout le monde se souvient. Celle du 17 novembre 2018 qui a coloré de jaune les ronds-points de toute la France.