Plan petite enfance : la pénurie de professionnels diplômés complique la création de crèches à La Réunion

A La Réunion, il manque près de 3 000 places de crèche.
Le nombre de place d’accueil des enfants de moins de 3 ans à La Réunion est inférieur de 20% à celui de l’Hexagone. Alors que le gouvernement annonce un plan petite enfance, et des moyens pour la création de places, le département doit faire face à une pénurie de personnels diplômés.

Le gouvernement promet une enveloppe de 5 milliards d’euros pour la petite enfance pour mettre fin aux difficultés de garde d’enfants. 

Parmi les objectifs fixés : la création de 100 000 places supplémentaires en crèche d’ici 2027 et de 100 000 places de plus d’ici 2030, la création de nouveaux points Relais Petite Enfance dans les grandes villes ou encore un fonds d’innovation de 10 millions d’euros.

 

La Réunion manque de places d’accueil

Ces actions ont été élaborées suite à des consultations sur le terrain, notamment à La Réunion. Il faut dire que le territoire est en retard sur la capacité d’accueil des tout-petits.

Le département recense seulement 7 655 places pour les enfants de moins de 3 ans au sein de 383 établissements, c’est largement en-dessous des besoins des familles. Parmi les écueils, la difficulté à ouvrir de nouvelles structures.

 

Les professionnels qualifiés font défaut

Pour fonctionner, une crèche doit détenir au moins 40% de personnels qualifiés, c’est l’un des freins à l’ouverture de nouveaux établissements. Ces professionnels diplômés manquent en effet, leur recrutement est très compliqué, confie Anaïs Di Giovanni, directrice de crèche.

Parmi les qualifications les plus recherchées, les auxiliaires de puériculture, métier d’un niveau bac+1. Ces professionnels s’occupent des enfants au quotidien, veillent à leur bien-être et sont capables d’alerter par rapport à leurs paramètres vitaux, explique Sydonie.

C’est compliqué de recruter ces professionnels diplômés, dont on a besoin. On a une obligation au niveau réglementaire d’avoir une professionnelle diplômée à l’ouverture et à la fermeture, sans quoi on ne peut pas ouvrir.

Anaïs Di Giovanni, directrice de crèche

La "pénurie" de professionnels s’accentue

James Nagès, président du groupement associatif Les Marionnettes, confirme la " pénurie " de personnels, notamment sur les diplômes d’infirmière et d’Auxiliaire de puériculture.

On se rend compte depuis quelques années que cette pénurie elle va en s’accentuant et elle ne pourra pas se résorber si on augmente le nombre de places d’accueil.

James Nagès, président du groupement associatif Les Marionnettes 

En août 2022, le gouvernement annonçait déjà l'assouplissement des conditions d'embauche afin de palier cette situation. Il était alors question de permettre ld'embaucher des stagiaires et de faire des VAE. 

 

Des financements indispensables

Selon lui, il faut aussi un accompagnement financier.

Il faut savoir qu’une structure qui se crée c’est entre 60% et 80% de financement de la CAF sur l’investissement, et donc il faut que la Caisse d’Allocation Familiale soit en capacité de pouvoir injecter les moyens financiers sur ces structures. Et derrière, cela suppose que les gestionnaires puissent trouver les ressources financières.

James Nagès, président du groupement associatif Les Marionnettes

  

Une capacité d’accueil inférieure de 20 points à l’Hexagone

A La Réunion, la capacité d’accueil a doublé en 10 ans, mais le taux d’équipent reste pourtant en retard de 20 points par rapport à celui de l’Hexagone. Il faut donc poursuivre les efforts, pour Frédéric Turblin, directeur de la CAF Réunion.

Si on veut rattraper la moyenne nationale, qui est à 60 enfants accueillis pour 100, il va falloir faire de gros efforts, puisque nous avons 20 points de retard. Nous sommes à 40 enfants accueillis sur 100 enfants de moins de 3 ans.

Frédéric Turblin, directeur de la CAF Réunion

Il confirme qu’il existe des leviers financiers très importants, " spécifiques aux DOM ", qui permettent de rattraper ce retard. Reste à former des personnels qualifiés pour permettre l’ouverture de nouvelles structures.  

 

Diversifier les offres d’accueil

Pour le directeur de la CAF Réunion, les efforts doivent aussi se poursuivre quant à la diersité des offres d’accueil proposées.

Il faut jouer sur tous les tableaux, et on ne gagnera que si on a une complémentarité de l’offre. Mais y compris qu’on n’imagine même pas, le Baby Bus est une offre nouvelle qui apporte un complément d’offres.

Frédéric Turblin, directeur de la CAF Réunion

 

S’adapter aux nouveaux besoins des familles réunionnaises

Il estime qu’il faut aussi optimiser les places. " Il y a beaucoup de demandes en Maisons d’Assistantes Maternelles, en micro-crèches, parce qu’elles s’adaptent au territoire ", ajoute le directeur de la CAF Réunion.

Les accueils devront aussi s’adapter aux nouveaux besoins des familles réunionnaises, en ouvrant le week-end ou la nuit, ou en proposant des accueils occasionnels ou à temps partiel.