Le constat est alarmant. Plus de 100 000 Réunionnais souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel dans l’île, selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre publié ce mercredi 1er mai.
Un millier de Réunionnais à la rue
Parmi eux, près de 39 000 n’ont pas de logement personnel, et un millier de Réunionnais sont à la rue.
Toujours parmi ces personnes souffrant de mal-logement, il y aurait 31 000 Réunionnais qui vivraient dans des conditions très difficiles, sans eau courante, et parfois même sans douche ni WC intérieurs.
Le surpeuplement dans des logements
Ce rapport de la Fondation l’Abbé Pierre révèle aussi qu’à La Réunion, 30 000 personnes vivent en situation de surpeuplement dit "accentué", c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement.
Regardez les précisions de Réunion La 1ère :
Une crise du logement pour trois Réunionnais sur dix
Au-delà de cette situation très grave du mal-logement à La Réunion, le rapport de la Fondation Labbé Pierre dresse un tableau plus large et tout aussi sombre.
Au moins 200 000 Réunionnais seraient également "fragilisées par rapport au logement". C’est-à-dire qu’ils seraient dans des situations difficiles "avec des répercussions sur la vie de famille, la santé, l’environnement quotidien, le confort ou les fins de mois difficiles".
En résumé, la Fondation estime qu’au total dans l’île, trois Réunionnais sur dix sont impactés d’une manière ou d’une autre par la crise du logement.
Regardez les précisions de Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre :
Les jeunes particulièrement touchés
Les jeunes Réunionnais sont particulièrement touchés par ce mal-logement. Qu’ils soient actifs, en formation, en voie d’insertion professionnelle ou en situation de fragilité sociale et économique, presque tous les jeunes Réunionnais font face à des difficultés d’accès au logement.
Avec le chômage et le rallongement de la durée d’insertion sur le marché du travail jusqu’à un emploi stable, de nombreux jeunes sont confrontés à la précarité et la pauvreté. A La Réunion, 53% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. Hors sur le marché immobilier, pour obtenir un logement, il faut de solides garanties (caution, garants, emploi en CDI, salaire trois fois supérieur au montant du loyer...).
Pour la Fondation Abbé Pierre, sur un territoire où 20% de la population a entre 15 et 29 ans, il faut un objectif "Zéro Jeunes mal logés". "Il appartient aux pouvoirs publics de se fixer comme exigence d’accompagner les jeunes vers un logement autonome et décent, autant que vers la formation et l’emploi", écrit la Fondation dans son rapport.
Quelles solutions ?
C’est la première fois que la Fondation produit une estimation de ce genre sur la situation du mal logement à La Réunion. Ce rapport se base sur les "chiffres de 2013 de l’Enquête Nationale Logement de l’Insee et de l’actualisation de données administratives", précise-t-elle.
Il révèle aussi qu’au niveau national, quatre millions de personnes sont mal logées en France et douze millions sont fragilisées par des difficultés liées au logement.
Face à cette situation de crise, la Fondation Abbé Pierre propose la mise en œuvre de politiques publiques autour de plusieurs leviers comme la priorité aux ménages en difficultés pour les attributions HLM, la mobilisation du parc de logements privés, ou encore la fin des expulsions et la production de logements "vraiment sociaux".