La fresque murale "Zolikèr" peinte au lycée de Vincendo, à Saint-Joseph, par l'artiste Méo, est au cœur d'une polémique. Dans un communiqué, Pour La Réunion (PLR) fait part de son soutien à l'artiste Méo. Il en est de même pour la première magistrate de Saint-Denis.
Valoriser l'identité réunionnaise
Pour rappel, l'œuvre montre un marmay kaf, pieds nus, assis sur son roulèr, avec une pile de livres devant lui. Sur le dernier livre de la pile dont le titre est "Histoire de France", le petit garçon raye le titre et le remplace par "Zistwar La Rényon".
Il n'en faut pas plus pour "déranger" certains professeurs et créer une polémique. En effet, certains membres du corps professoral ont été offusqués, si bien qu'ils ont saisi le comité des experts nationaux des valeurs de la République.
Ce sera à ce dernier de se prononcer sur le "bien-fondé" de l'œuvre en termes de respect des dites "valeurs de la République". Tout en sachant qu'il s'agit d'un projet monté par le lycée de Vincendo sur le respect de l'identité et de la culture réunionnaise s'intitulant "celui qui oublie ses racines n’atteint jamais sa destination".
Volonté de censure de la fresque : "une menace inacceptable"
Dans un communiqué, le PLR a fait part de son soutien à l'artiste Méo. La volonté de censurer l'artiste est "une menace inacceptable".
Dans ce cas, il faudrait interdire sur les ondes des radios et télévisions publiques, et dans les bibliothèques publiques, toutes les œuvres qui sont jugées par un groupuscule comme étant non compatibles avec les valeurs de la République : plus de chansons de Ziskakan et de Danyèl Waro sur les médias publics ! Plus de poèmes d’Axel Gauvin et de Carpanin Marimoutou de Dédé Lansor dans les médiathèques de la République ! Plus de Ferrat ! Plus de Brassens ! Plus de Léo Ferré !
Pour La Réunion
"Le PLR dénonce la volonté de censure sur cette œuvre d’art. Le PLR sait ô combien le travail réalisé par l’artiste Méo est un travail talentueux de valorisation de notre histoire et de notre culture. Nous ne pouvons accepter qu’il soit exercé une quelconque forme de contrôle de sa production artistique. Remettre en cause l’indépendance d’un artiste est une dérive profondément inquiétante", réagit le PLR dans un communiqué.
Ericka Bareigts défend l'art et soutien Méo
À Saint-Denis, "nous défendons l'art et la liberté d'expression. Nos murs, nos cœurs, nos espaces, nos musées, nos écrits et nos musiques sont des sanctuaires de l'art", souligne Ericka Bareigts dans une tribune libre, à la suite de la polémique sur la fresque de Méo.
Je soutiens pleinement Méo, un artiste engagé et fervent défenseur du patrimoine réunionnais qui passe avec ces graffs, un message fort de notre réalité. Zolikèr laisse une empreinte indélébile dans notre histoire. Il désirait découvrir celle de La Réunion, et pourtant on cherche à le faire taire aujourd'hui.
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis
À Saint-Denis, "nous organisons le Festival Graffiti, durant lequel de street artistes s’expriment librement sur nos murs. Nous aménageons la ville comme un Musée à Ciel Ouvert, où l'art mais aussi notre histoire, sont accessibles partout et en tout temps. Zolikèr, si ton zistwar lé bani par la ba, ou gyin ni terla", précise Ericka Bareigts dans sa tribune libre.
Les députés montent au créneau
Lors de la polémique, Émeline K/Bidy et Frédéric Maillot ont été les premiers députés à réagir. "Cette censure est une grande violence", martèle Emeline K/Bidy.
Une lettre adressée à la ministre de la culture
Frédéric Maillot, député de La Réunion, a adressé une lettre à Rachida Dati, ministre de la culture.
Sur les réseaux sociaux, suite à la publication de l'article sur la polémique, nombreux sont les internautes qui soutiennent également l'artiste.