Un policier soupçonné d'avoir éborgné un jeune devant la cour criminelle

Il espérait échapper à un procès après son pourvoi en cassation. Mais la chambre de l'instruction de Saint-Denis en a décidé autrement hier mardi : le policier accusé d'avoir fait perdre un œil à un adolescent en 2014 au Port sera bien jugé devant la cour criminelle
Durant cette nuit du 1er au 2 février 2014, la confusion la plus totale règne au Port comme dans plusieurs villes de La Réunion. L'île est en proie à une vague de violences urbaines qui mobilise l'ensemble des forces de l'ordre du département. Sur l'avenue Rico Carpaye, des jeunes lancent des galets sur les policiers qui rétorquent à l'aide de grenades lacrymogènes et de tirs flashball. 

Steve, 16 ans, rentre chez lui après une soirée entre amis quand il se retrouve au milieu des échauffourées. Il tente de s'écarter quand il reçoit une balle de flashball dans l'œil droit, oeil dont il perdra définitivement l'usage malgré une intervention chirurgicale. Si les circonstances dans lesquelles ce tir a été tiré varient grandement selon les versions, l'enquête semble établir que la tête de la victime se trouvait à moins d'un mètre du canon l'arme. Une distance très insuffisante pour un tir réglementaire. C'est donc la première fois à La Réunion qu'un membre des forces de l'ordre est renvoyé devant la cour criminelle, une nouvelle juridiction située à mi-chemin entre le tribunal correctionnel et la cour d'assises.

Elle est expérimentée dans sept départements, dont La Réunion, à partir du 1er septembre 2019, dans le cadre de la réforme de la Justice votée en février. Cette cour est composée de cinq magistrats qui jugeront des crimes punis de 15 à 20 ans de prison.