Politiques et syndicats réunionnais réagissent au plan de déconfinement

Port du masque, réouverture des écoles et des collèges, reprise de l'activité économique, maintien de la fermeture des restaurants et hôtels... le plan de sortie du confinement annoncé par le Premier ministre suscite de nombreuses réactions à La Réunion. 
Un plan de déconfinement en plusieurs phases, c’est ce que propose le gouvernement pour sortir du confinement mis en place le 17 mars dernier. Le premier ministre a donné la feuille de route de la première phase qui se déroulera du 11 mai au 2 juin.

Edouard Philippe a détaillé devant les parlementaires différents points durant plus d’une heure à l’Assemblée nationale ce mardi 28 avril. Un plan basé sur trois axes : vivre avec le virus, un déconfinement progressif et géographique.

Une allocution suivie avec attention à La Réunion. Politiques et syndicats ont réagi lors de l'édition spéciale de Réunion La1ère.

 

Les présidents des collectivités se sentent "écoutés"


Le président du conseil régional, Didier Robert, est favorable à ce "déconfinement progressif et adapté par région".
 

"Nous devrons faire les choses avec prudence et vigilance. Je veux retenir la volonté du Premier ministre d’avoir des masques grands publics, il faut aller vers cela."


Le président de Région salue aussi la volonté d’un dépistage massif de la part du gouvernement. Didier Robert a le sentiment d’avoir été entendu par le Premier ministre. Il ajoute la nécessité d'un "engagement plus fort envers les familles les plus fragiles dans les prochains jours".
Didier Robert : première réaction au plan de déconfinement du gouvernement ©Réunion la 1ère

De son côté, Cyrile Melchior, le président du conseil départemental, salue la large place laissée à la concertation par le gouvernement. Il rappelle cependant que la situation des collèges n’est pas celle des écoles. Les espaces où évolueront les élèves seront aménagés pour leur assurer un maximum de sécurité, lors de la reprise prévue le 18 mai pour les 6ème et 5ème dans les départements "verts".
 

"Les collégiens devront porter un masque, mais qui va les fournir ? Le Département va voter, mercredi, la production de plus de 700 000 masques en tissus fabriqués localement. Nous accompagnerons du mieux possible les établissements et les maires des 24 communes. Nous allons aussi faire des efforts pour faire respecter la distanciation physique dans les salles de cours, la cantine et les préaux ".

 
Cyrille Melchior réagit au plan de déconfinement présenté par le gouvernement ©Réunion la 1ère
 


Incomplet pour les élus locaux 


Pour le député David Lorion, le Premier ministre marque la fin de l’insouciance.
 

"Ce déconfinement sera phasé et territorialisé. Le Premier ministre a pris en compte des préconisations des élus de terrain, notamment sur l’école, car la rentrée sera aussi phasée. Il y aura beaucoup de travail pour les collectivités, notamment avec l’impératif des classes de 15 élèves".


David Lorion souhaite voir la relance économique adaptée aux territoires, notamment au sujet de la réouverture des restaurants et hôtels.
 

"Il pourrait y avoir des mesures de déconfinement économiques plus rapides pour les hôtels et restaurants, peut-être fin ou début mai. Cela permettra de remettre les petites entreprises dans le circuit. Plus vite l’activité économique reprendra, mieux ça sera ".

 
Pour la députée Ericka Bareigts, beaucoup d’éléments restent peu clairs et incohérents.
 

" A l’école, les maternelles font la rentrée sans masque, les collégiens avec masques, les lycéens ne reprennent pas les cours. Quelle cohérence ? Cela n’est pas rassurant. Il faut que nous ayons notre stratégie locale pour le déconfinement. La Réunion n’a pas la garantie d’avoir des masques pour tout le monde. Il nous faut davantage de tests pour avoir une meilleure cartographie de l’épidémie sur le territoire."  


Comme David Lorion, elle insiste sur la question des aéroports, qui n’a pas été évoquée par le Premier ministre.
 

" Il faut une politique claire sur l’aéroport. Le début de la crise est à l’aéroport. Il faut aussi soutenir les PE et TPE, il faut une exonération des charges sociales, c’est du bon sens. Pour sortir de la crise, nos PE et TPE doivent être en bonne santé. La stratégie réunionnaise doit se faire autour du préfet".

 
La député Ericka Bareigts réagit au plan de déconfinement présenté par le gouvernement à l'Assemblée ©Réunion la 1ère

Le maire de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, l'avait dit : il n'est pas favorable à la réouverture des écoles. Sa position reste ferme sur le sujet.
 

"Mon enfant ne repartira pas à l'école. Nous ne sommes pas dans l’Hexagone, nous entrons ici dans l’hiver, avec un certain nombres de virus. Il reste 14 jours d’école aux enfants, il faut arrêter ! Il faut analyser géographiquement et localement pour adapter le déconfinement." 

 
©Réunion la 1ère

Pour la sénatrice Nassimah Dindar, le plan de déconfinement doit aussi être organisé localement, "chacun doit prendre ses responsabilités".
 

"Le plan de déconfinement du Premier ministre est progressif et adaptable. Localement, nous devons avec l’Etat prendre nos responsabilités avec les commerçants, les élus, les maires, présidents des conseils régional et départemental, parents, etc. "


Elle non plus n’est pas favorable à la réouverture des écoles pour le moment.
 

" Je crois qu’il faut d'abord s’assurer de comment la vie va reprendre avant. Et puis, comment reprendre l’école sans être assuré du nombre de masques et des conditions de sécurité ? Il faut un travail en amont pour assurer les conditions sanitaires dans les transports et les cantines également. "

 
Nassimah Dindar, sénatrice, réagit au plan de déconfinement présenté par le gouvernement ©Réunion la 1ère

Le député Jean-Hugues Ratenon va voter contre le plan. Lui aussi était favorable à un report de la reprise de l’école au mois de septembre.
 

"Il fallait reporter la rentrée scolaire au moins de septembre. Pourquoi mettre autant de difficultés entre les mains de nos collectivités ? Ce plan de déconfinement est établi dans la précipitation. Il n’y a pas de débat, ni d’amendement, c’est un problème démocratique. Nous n’avons pas l’assurance d’avoir ses masques. On nous renvoie sur les collectivités locales, mais comment les mairies seront accompagnées financièrement ?"

 
Jean-Hugues Ratenon, député, réagit au plan de déconfinement présenté par le gouvernement à l'Assemblée ©Réunion la 1ère

 

Les syndicats inquiets pour les travailleurs

Eric Marguerite, le secrétaire général de Force Ouvrière, estime que ce plan n’est pas rassurant pour les salariés. "Il ne faut pas aller travailler sans protection. Il faut également rester vigilant aux usages du télétravail", selon lui.
 

"Certains travailleurs auront des moyens de protection, d’autres non. Il ne faut pas aller travailler sans protection. Nous n’avons pas de masques, pas assez de tests à La Réunion. Le Premier ministre veut poursuivre le télétravail, mais il doit être exceptionnel car il comporte des risques. La question sociale doit primer sur la question économique ".

 
Eric Marguerite, secrétaire général de FO Réunion ©Réunion la 1ère

Ivan Hoarau, le secrétaire général de la CGTR, évoque l’angoisse des travailleurs. Il réclame la mise en place d’une cellule de crise, d’un guichet unique pour venir en aide aux salariés dans tous les domaines qui leur apporteraient des difficultés.
 

"Il faut faire la différence entre les activités essentielles à la vie de la nation et celles qui ne le sont pas. Nous n’avons rien entendu sur la question sociale. Le Premier ministre estime qu’en réglant la question économique, la question sociale sera réglée. Or, il y a des problèmes de perte de salaires, de perte d’emplois, et des travailleurs qui iront travailler avec la peur au ventre".

 
Ivan Hoarau, secrétaire général de la CGTR ©Réunion la 1ère