Depuis 6h ce lundi 22 mai, le centre de détention du Port est bloqué par une cinquantaine de personnels, manifestant à l'initiative du syndicat Force Ouvrière (FO). Une action qui fait suite au mécontentement des agents pénitentiaires, dénonçant leurs conditions de travail dans un contexte de surpopulation.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
500 détenus pour 380 places
Cet établissement datant des années 80 qu'ils décrivent comme insalubre accueille aujourd'hui environ 500 détenus pour 380 places théoriquement. Selon Roger Bénard, secrétaire local FO du centre pénitentiaire du Port, les détenus sont désormais au nombre de trois par cellule.
Des transferts de détenus de Mayotte chaque semaine
Si cette population de détenus croît, c'est en partie en raison de transferts de prisonniers depuis Mayotte, dénonce le syndicat FO. Ces transferts, s'ils ne sont pas nouveaux, se sont accélérés dernièrement, passant d'une fois tous les deux mois à une fois par semaine. "On a toujours reçu des détenus de Mayotte, mais à une autre récurrence", explique quant à lui Vincent Pardou, le secrétaire régional FO Pénitentiaire Réunion-Mayotte.
Il se trouve que le centre de détention du Port est le seul établissement pour peine de l'océan Indien, et récupère tous les détenus condamnés définitifs de la zone.
Manque d'agents chronique
Conséquences : les agents sont dépassés, et le sous-effectif pour une telle population carcérale est devenu chronique, et ils sont "souvent rappelés sur leur repos, sur leur week-end, c'est devenu machinal", peste Roger Bénard, le secrétaire local FO du centre de détention.
"Des clans se forment"
La sécurité des agents est aussi menacée par cette promiscuité des détenus, entre lesquels les tensions sont parfois fortes. "Des clans se forment et ils sont presque majoritaires sur le nombre de détenus réunionnais", souligne Roger Bénard.
Invité sur le plateau de Réunion La 1ère vendredi dernier, le secrétaire régional FO Pénitentiaire Vincent Pardou évoquait déjà cette problématique du profil des détenus transférés de Mayotte vers le centre de détention du Port.
"Je pense aux profils de meneurs qui ont déjà semé le trouble dans la prison de Majicavo. Des jeunes Comoriens d'origine, nés à Mayotte, souvent SDF, sans repères, qui une fois arrivés dans notre département font face au communautarisme, à la violence. Et c'est le personnel pénitentiaire qui est en première ligne pour apaiser ces tensions et les gérer au quotidien".
Vincent Pardou, secrétaire régional FO Pénitentiaire
Pas d'avancée significative ce lundi
Ce lundi, le personnel du centre de détention, après des mois de discussion avec la direction de l'établissement, souhaite que celle-ci prenne la mesure des conditions de travail complexes qu'ils subissent. Le syndicat espère ainsi installer un "rapport de force pour se faire entendre".
A l'issue de la journée de mobilisation, les agents n'ont pas obtenu d'avancée significative lors des discussions avec la direction. Mais une visioconférence avec la directrice intergénérale des Outre mer a été demandée. Une nouvelle mobilisation dans les prochains jours n'est pas écartée.
Surpopulation également au centre pénitentiaire de Saint-Denis
En ce qui concerne la surpopulation, elle semble aussi toucher le centre pénitentiaire de Saint-Denis. Vincent Pardou, le dénonçait sur notre antenne il y a quelques jours. "On atteint des chiffres jamais atteints depuis l'ouverture : aux alentours de 700 détenus pour une capacité de 550, ce qui entraîne des triplements de détenus dans les cellules, et donc des tensions supplémentaires. Mes collègues, qui sont en première ligne, doivent gérer des incidents de plus en plus récurrents", expliquait-il.
Un précédent blocage avait concerné l'établissement au mois de février, à l'initiative du syndicat UFAP, mais cette fois pour réclamer une structure adaptée à la gestion des détenus atteints de troubles mentaux.