La communauté éducative est encore sous le choc après l'agression survenue en début de semaine au cours d'une sortie scolaire. Lundi 25 septembre, un professeur d'EPS du lycée portois Léon de Lépervanche en est venu aux mains avec l'un de ses élèves lors d'une randonnée à L'Etang-Saint-Paul.
Pendant la randonnée, l'enseignant aurait été la cible de jets de galets et il a fini par perdre son sang-froid. Sur les images de la scène filmée par d'autres élèves et diffusée sur les réseaux sociaux, on le voit plaquer un élève au sol avant de le frapper violemment à coups de poing.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Une cellule d'écoute mise en place
"Il aurait reçu un caillou sur la nuque et il avait déjà reçu aussi quelques gravillons dans le dos, et à ce moment-là, il a vu rouge et il a attrapé un élève qui riait quand il s'est retourné et il l'a mis à terre", rapporte Chantale Gawronski, la proviseure de l'établissement qui confirme les circonstances de l'agression rapportées ce jeudi 28 septembre dans la presse écrite.
"A midi,lorsque j'ai été informée de l'incident, ma première décision a été de sécuriser les élèves et la sortie", rajoute-t-elle. Deux assistants d'éducation ont dû être dépêchés sur place et une cellule d'écoute a également été mise en place au retour des élèves dans l'enceinte de l'établissement.
Une plainte déposée par les parents
"Les élèves ont tous été entendus. Je les ai gardés presqu'une heure en salle pour échanger avec eux et ensuite ils ont pu aller parler avec l'infirmier du lycée", précise encore la cheffe d'établissement. Informés de la situation, les parents de l'élève agressé ont de leur côté déposé plainte contre l'enseignant.
Le professeur a été mis en retrait de l'établissement et il devrait être suspendu à titre conservatoire par le rectorat pour une période de trois mois au moins.
"Ce n'est pas acceptable de réagir à la violence par la violence"
Cette agression fait forcément réagir les parents d'élèves, comme les enseignants. "Ce n'est pas acceptable de la part d'un enseignant, qu'elles qu'en soient les raisons, de réagir à la violence par la violence !", estime par exemple Daniel Amouny, le président départemental de la FCPE Réunion.
"Les enseignants sont des formateurs et ils se doivent de donner l'exemple", tranche-t-il tout en pointant du doigt la question des conditions de travail au sein de l'Education nationale. "Cette réaction dénote en même temps un certain mal-être chez les enseignants et ces derniers doivent aussi être soutenus et accompagnés pour éviter qu'ils en arrivent à péter un cable".
Des enseignants de plus en plus exposés
Une nuance apportée également par Freddy Samy, le représentant du Snalc Réunion, le Syndicat des lycées et collèges : "On est dans une réalité quotidienne où les professeurs sont soumis à des tensions. Il y aura une enquête mais ce que l'on peut dire c'est qu'il y a eu une charge mentale qui était très lourde pour cet enseignant qui, visiblement, a fait l'objet d'agressions et s'est ensuite laissé déborder".
"Certes, il y a eu une faute, poursuit le syndicaliste. On nous demande l'exemplarité mais il y a aussi cette réalité : les professeurs font de plus en plus face à de l'agressivité et parfois, ça dérappe".
Ne pas ternir le travail des professeurs et des élèves
La proviseure Chantale Gawronski redoute enfin que ce "dérapage" puisse nuire à l'image et à la réputation de son lycée. "Le lycée a un rayonnement sur la commune du Port, mais aussi à l'échelle académique et même nationale", rappelle-t-elle. L'établissement a par exemple remporté la médaille d'or aux Olympiades des métiers.
"Les enseignants sont très investis et engagés dans leur métier et ils accompagnent les élèves pour les faire réussir", défend encore la proviseure. "Il faut vraiment faire la distinction entre un dérapage à un moment donné et une dynamique d'établissement qui est reconnue et saluée pour toutes les institutions".
"Il faut aussi que les enseignants qui travaillent au quotidien pour assurer la réussite des élèves sachent que leur travail est reconnu et ne peux pas être terni par des situations telles que celles que nous connaissons aujourd'hui", conclut la responsable.