Il y a 141 ans, le 11 novembre 1882, c'était la fin de l'immigration liée à l'engagisme à La Réunion.
Depuis vingt ans, un hommage aux travailleurs engagés de La Réunion a lieu chaque 11 novembre, au Lazaret de la Grande Chaloupe.
Tous les ans depuis 2003
Cette cérémonie du souvenir est organisée par la Fédération Tamoule et le Conseil Départemental. "On vient chaque année, on vénère tous nos ancêtres", confie une participante. "C’est la première fois que je viens et pas la dernière, je découvre des choses, je ressens plein d’énergies", confie un jeune tamoul. "C'est un moment de partage, les gens sont respectueux de cette union que nous faisons dans la société", ajoute une participante.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un lieu emblématique
Pour cette 20ème édition, près de 150 personnes ont rendu hommage aux ancêtres engagés, ces femmes et ces hommes venus d’Inde, de Chine ou encore de Madagascar pour compenser le manque de main d’œuvre dans les plantations de cannes à sucre.
Le Lazaret de la Grande Chaloupe est le dernier et le plus emblématique des lieux de quarantaine pour les travailleurs. Ils y étaient placés après avoir survécu au long voyage en bateau jusqu’à La Réunion.
"Tous ensemble"
"C’est une fierté d’être ici, tout le monde est ensemble, malbar, chinois, malgaches, on rend honneur à tous nos ancêtres qui sont tous ensemble dans le ciel", commente un participant.
Prières, chants, procession, offrandes
Ce matin, les hommages aux ancêtres engagés ont pris la forme de prières, de recueillements, de prises de paroles, mais aussi de chants et de danses traditionnelles face à la mer. Les personnes présentes se sont ensuite dirigées vers l’Océan pour une procession au son des tambours. Elles y ont jetées des offrandes. Cet après-midi, un repas partage et une scène ouverte se tiennent.
"Les atrocités du moment"
"C’est important d’être là en hommage à mes ancêtres qui sont arrivés en premier ici à La Réunion", assure une participante qui explique qu’elle ressent toujours cette même émotion "à voir les communautés se côtoyer, les gens restent soudés malgré les atrocités du moment".
Des actes de vandalisme visant la communauté tamoule
Comme elle, de nombreux participants ont pensé ce matin aux actes de vandalisme qui se sont produits ces derniers jours dans l’île. Il y a eu des vols et dégradations au temple de Bois Rouge, la statue de Ghandi a été décapitée à Villèle, et d’autres détériorations ont eu lieu aux cimetières de Champ-Borne et Bras-Panon.
"La Réunion est connu pour son vivre ensemble, alors ces actes ça ne se fait pas !", s’exclame une adolescente. "On ne comprend pas cette haine maintenant, il y a toujours eu le vivre ensemble à La Réunion", ajoute une mère de famille venue avec trois générations. Tous espèrent que ces atrocités cessent.
"Toute cette unité aujourd’hui est aussi une façon de répondre à ce qui se passe, commente Jean-Luc Amaravady, président de la Fédération Tamoule de La Réunion. C’est surtout une manière de rendre hommage à nos engagés à qui on a fait croire qu’ils arrivaient au paradis".
D’autres hommages
L'engagisme a concerné près de 200 000 personnes au total. Plusieurs rassemblements ont aussi eu lieu ce matin sur les stèles commémoratives érigées à Bois Rouge, Vue Belle, La Mare et Grand-Bois.