Des postes de ravitaillement comme ceux-là, qui proposent repas et autres snacks mais aussi assistance médicale, il y en a une quinzaine répartis sur tout le tracé de la Diagonale des Fous, mais aussi des autres courses que sont le Trail de Bourbon, la Mascareignes ou le Relais Zembrocal. Des endroits salutaires pour l'ensemble des raideurs, véritables oasis de réconfort dans la difficulté du parcours.
Les précisions de Réunion La 1ère :
A 20km de l'arrivée, une des dernières occasions de reprendre des forces
Parmi ces points de ravitaillement, l'école Evariste de Parny à La Possession. Un endroit stratégique, à environ 21km du stade de la Redoute et de sa ligne d'arrivée symbole de délivrance. Ici, il s'agit donc de reprendre une dernière fois des forces, et de rassembler tout son courage pour entamer le chemin des Anglais et monter vers le Colorado, depuis lequel il faudra prendre la dernière descente vers la Redoute.
Ouvert depuis vendredi en fin de journée, le poste de ravitaillement accueillait ce samedi après-midi les coureurs du Trail de Bourbon comme de la Diagonale des Fous. Reconnaissables dans leur t-shirt beige, ils sont nombreux à s'affairer autour des arrivants cet après-midi, attendant de pied ferme les centaines de participants encore présents sur les sentiers.
Du bouillon de volaille et vermicelles pour les traileurs
Après le pointage à l'entrée de l'établissement, place à la gourmandise, de quoi réchauffer le corps comme le coeur après les 144 km déjà courageusement avalés. " Les traileurs mangent plus de soupe, boivent du café, des pâtes si nécessaire", explique un des cuisiniers, nous montrant la marmite de bouillon de poulet, agrémenté de vermicelles, et céleri.
Sauté porc pour les bénévoles
Mais le cuisinier nourrit aussi le reste des bénévoles de ce poste, qui tout le week-end ont pour mission de chouchouter les traileurs fatigués. Au menu ce midi ? Sauté de porc, riz blanc, et rougail piment crasé ! " I ress un ti peu, na bann bons mangeurs ici !" rigole le cuisinier, qui depuis des années se réjouit de retrouver l'ambiance Grand Raid et les autres bénévoles. " Ca va, l'ambiance lé bien, on s'amuse, na des bons amis !", sourit-il. Un autre, plus loin, s'affaire à la vaisselle. Il est bénévole "depuis une dizaine d'années", et assure qu'il ne manquera l'édition prochaine sous aucun prétexte.
Une table de ravitaillement des plus garnies
Dans la grande famille des bénévoles, il y a aussi ceux qui tiennent l'énorme table de ravitaillement, où trônent toutes sortes de victuailles à saisir au vol avant de repartir, pour les plus pressés, ou à déguster sur place lors d'une pause bien méritée. " Pou donn' a zot la joie de manger kan zot i ariv' ek nou", rigole la responsable ravito de l'école de La Possession.
La liste est longue, de ce qui est ici proposé : patates douces péi, dattes, figues et bananes séchées, raisins secs, carrés de sucre, gâteau chouchou, gâteau songe et gâteau banane, tranches de pastèque, morceaux d'oranges et de pommes, tomates cerise, tranches de saucisson, chocolat, fromage, toasts à la sardine, bien sûr de quoi s'hydrater après des heures au soleil, mais aussi quelques petits mots d'encouragement.
"Chacun i trouv son bonheur"
Une diversité qui permet de répondre non seulement aux envies de chacun, selon l'heure à laquelle les coureurs arrivent sur le stand de ravitaillement.
" Entre 11h et midi, bana i rode le salé, de la viande, et le matin, pain de mie et confiture. Et toujours de l'eau, du cola, et beaucoup beaucoup de sirop", explique la responsable ravito, bénévole sur le Grand Raid depuis sept ans.
"Chacun i trouv son bonheur, créole, métropolitains, étrangers..."
La responsable "ravito" de La Possession
Soulager les douleurs et les bobos
Une fois l'estomac rassasié, place aux soins, fréquemment nécessaires après avoir crapahuté dans les sentiers, en montée comme en descente, pendant près de 150km. Dans un coin de l'école Evariste de Parny, vêtus de t-shirts rouges pour être facilement repérés, ostéopathes, kinésithérapeutes ou encore podologues, mais aussi médecins et infirmiers sont présents pour trouver réponse aux douleurs des coureurs. Comme sur plusieurs autres stations de ravitaillement, ils viennent au secours des tracas, parfois petits, mais qui sur des trails aussi difficiles peuvent vite devenir insurmontables.
Faire en sorte que les traileurs arrivent au bout
Ce samedi après-midi, un participant à la Diagonale des Fous, Kévin, est allongé sur une table de massage, un jeune ostéopathe à son chevet. Son muscle tenseur du fascia lata, ou "TFL" pour les habitués, lui fait mal, en haut de la cuisse. " Il est souvent douloureux chez les coureurs. On va faire en sorte qu'il puisse finir avec le moins de douleurs possible", dit le jeune homme qui a pris les choses en main.
A côté, son voisin souffre d'une " inflammation de la patte d'oie", au niveau du genou. " Je pense que ce sont les escaliers de Mafate qui m'ont abîmé les tendons", souffle ce coureur de la Diagonale. Lorsqu'il repartira vers la Redoute, la douleur devrait être moins forte, sous les mains expertes de son bienfaiteur de La Possession. Lequel explique la manoeuvre : " On lui a fait un bandage, pour maintenir son genou et limiter un peu le travail de son tendon et de ses muscles et le soulager, qu'il puisse arriver jusqu'à la Redoute".
Chez d'autres, l'effort intense a accentué les douleurs, comme chez cet homme qui raconte souffrir depuis Cilaos. "On fait ce qu'on peut. Je pensais qu'elle allait partir, mais impossible de courir, je fais tout en marchant", explique-t-il. Le professionnel qui s'occupe de lui a une solution : "Je vais détendre les tissus car c'est une inflammation du tissu de l'os externe. On va le masser, travailler sur l'os et l'inflammation pour que monsieur puisse faire les derniers kilomètres".
"C'est une course qui ne se court pas"
Les ampoules sont aussi de la partie à ce stade de la course. Ce coureur en a fait les frais, et se fait enduire les pieds de vaseline pour " éviter que ça frotte avec sa chaussure". Le Grand Raid, c'est " dur" avoue-t-il, surtout " pour un non-pratiquant comme moi, qui n'a jamais fait ce genre de distance et qui fait très très peu de trail". " C'est une course qui ne se court pas, où on ne fait que marcher, et il faut savoir bien descendre", constate-t-il.
Une petite sieste, pour certains
Sous des chapiteaux dressés pour l'occasion, certains font une petite sieste avant de repartir de plus belle pour la dernière portion. C'est sans doute plus frais qu'à leur arrivée qu'ils et elles quittent le point de ravitaillement de La Possession, grâce aux attentions des bénévoles, essentielles pour relever un tel défi physique et repartir sur le chemin des Anglais.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère parmi les traileurs sur le chemin des Anglais :
"C'est super, c'est du top"
Le responsable des bénévoles du Grand Raid, Eric Domitien, est en tout cas très content de ses équipes, même si leur mission n'est pas encore terminée. " C'est super. C'est du top, bravo à toute l'équipe, au soutien de la mairie. Ici, les coureurs sont un peu au quatre étoiles !", lance celui qui est comité directeur du Grand Raid depuis 2003. " Il y aura toujours des petits ratés mais rien n'est fait au hasard. Il y a de l'amélioration, et les coureurs nous le disent", se félicite-t-il.
En attendant, tous ici seront mobilisés jusqu'à dimanche matin, pour accueillir les tout derniers coureurs de la Diagonale des Fous et du Trail de Bourbon.
"T-shirt jaune lé gayar !'
Parmi ceux qui ce samedi après-midi quittaient leur pause possessionnaise, Bertrand, qui court son premier Trail de Bourbon, et dit " gérer doucement doucement". Ismael lui, repart aussi vers la Grande Chaloupe, impatient de recevoir sa médaille et son t-shirt de finisher, malgré la chaleur qui l'a impacté. " La chaleur la poik a moin bien komi fo, premier fois i trap a moin koma. Dieu merci na poin de bobo, na poin de casse". De toute façon, ce n'est pas dans ses habitudes d'abandonner, fait-il comprendre.
"Kan i foire la, mi abandonne pas moin ! Mi sa rode mon médaille, t-shirt jaune lé gayar, mais c'est surtout l'accompagnement autour, la famille, camarades, i porte a ou !"
Ismaël, coureur du Grand Raid
Au total, sur cette édition 2023, plus de 2 300 bénévoles ont contribué à la réussite de cette belle fête du trail, qui encore une fois, a résonné dans toute La Réunion.
L'ambiance au stand de ravitaillement de La Possession, avec Eddy Palma :