Abraham Boméla a commencé à s'expliquer face aux enquêteurs de la Section de recherches de Saint-Denis. Des déclarations qui sont rapportées par la procureure de Saint-Denis Véronique Denizot dans un communiqué transmis ce dimanche 29 octobre.
"Le gardé à vue, entendu en présence de son avocat, reconnaît la matérialité de tous les faits qui lui sont reprochés", indique la patronne du parquet dionysien. Des prélèvements sanguins ont été effectués pour déterminer s'il avait consommé de l'alcool ou des produits stupéfiants mais le suspect n’apparaissait pas en état d’ivresse lors de son interpellation.
"Il ne voulait pas que sa mère garde sa cousine"
"Il explique qu’il ne voulait pas que sa mère garde sa cousine et qu’il n’a pas supporté samedi 28 octobre 2023 que l’enfant soit de nouveau présente au domicile familial", poursuit la procureure Denizot.
Abraham Boméla aurait déclaré que, fou sa colère, il a récupéré deux couteaux dans sa chambre et utilisé l'une des armes pour porter plusieurs coups aux deux victimes. Des faits qui se seraient produits vers 6h30 alors que l'enfant avait été déposée sur place par ses parents aux alentours de 6h15.
Interrogée par Réunion La 1ère, son avocate Me Judith Baumont, indique qu'il lui aurait aussi évoqué cette "grosse colère". Comme les proches d'Abraham Boméla, le conseil fait part de l'état de santé mentale fragile de l'intéressé.
Les deux premières victimes tuées de plusieurs coups de couteau
L'autopsie réalisée sur la jeune Lorane, la petite cousine de cinq ans, confirme que les nombreuses blessures infligées avec l'arme blanche ont entraîné une hémorragie importante à l'origine du décès.
L'autopsie d'Yvonne, 69 ans, la mère d'Abraham Boméla, était toujours en cours ce dimanche après-midi, mais l'examen de corps avait déjà mis en évidence des blessures infligées par arme blanche.
Une volonté de tuer toutes les personnes sur son chemin
Après avoir tué ses deux proches, Abraham Boméla a ensuite menacé son cousin avec son couteau, et manqué de le percuter au volant de sa Twingo avant de prendre la fuite.
La procureure Denizot insiste sur le fait que l'auteur présumé des faits avait "la volonté de tuer toutes les personnes rencontrées sur son chemin". Il a en effet percuté plusieurs personnes entre le chemin Boeuf Mort, et le parking du supermarché Leclerc, dans la rue Sarda Garriga.
L'agent d'entretien agressé dès l'arrivée du suspect
Selon les déclaration rapportées par le parquet, Abraham Boméla aurait, dès son entrée vers 7h dans l’agence du Crédit Agricole, immédiatement porté des coups de couteau à Jean Charles Joe Breda, l’agent d’entretien de 54 ans travaillant pour la société ABC Entretien, qui nettoyait les lieux avant l'ouverture.
L'autopsie du corps de la troisième victime a confirmé plusieurs blessures infligées avec une arme blanche, dont une plaie mortelle au poumon ayant provoqué un choc hémorragique.
La procureure indiqu'Abraham Boméla se serait ensuite protégé de l‘intervention des gendarmes du GIGN, avant de résister à leur entrée dans les lieux et de porter à nouveau des coups de couteau à l’un des militaires, avec la volonté de le tuer, avant d’être maîtrisé. Le militaire du GIGN a été opéré, tout comme une autre victime renversée en voiture.
Une demande de placement en détention provisoire prévue
Pour rappel, l'enquête ouverte pour assassinats et tentatives d’assassinats est donc conduite par la section de recherches de Saint Denis. "Sauf difficulté", Abraham Boméla devrait être présenté à un juge d'instruction demain, lundi 30 octobre, dans le cadre de l’ouverture d'une information judiciaire pour l’ensemble des faits commis samedi à La Possession.
Véronique Denizot fait déjà savoir que le ministère public demandera le placement en détention provisoire devant le juge des libertés et de la détention après sa probable mise en examen. Pour rappel, les faits ont entraîné la mort de trois personnes, des blessures pour sept autres victimes.
Les victimes et les témoins entendus
Une huitième personne n’a pas souhaité déposer plainte. Elle a elle-même été visée par le véhicule du mis en cause sans finalement être blessée, après qu'elle ait tenté d'intervenir pour secourir les deux autres victimes du parking du Leclerc.
Le parquet de Saint-Denis précise encore que toutes les victimes, blessées ou visées par le véhicule du mis en cause ou avec son arme, seront examinées le mardi 31 octobre par le service de victimologie. Les auditions des victimes et des témoins ont permis de confirmer le parcours meurtrier du mis en cause.
Au-delà de la mise en place de la cellule d’urgence médico psychologique et de la cellule d’accueil à la mairie de La Possession, l'ARAJUFA, l’association d’aide aux victimes, a également été saisie.