La préfecture de La Réunion a finalement retiré son arrêté du 19 juillet dernier autorisant pour la période 2021-2023 les opérations ciblées de prélèvement de requins tigre et bouledogue sur le littoral des communes de Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu et l’Etang-Salé.
La décision est intervenue hier, mardi 5 octobre, alors qu’un recours visant à faire annuler cet arrêté devait être examiné ce mercredi devant le tribunal administratif. La préfecture a donc fait marche arrière à la veille de l’audience par crainte qu’on lui reproche de ne pas avoir réalisé préalablement de consultation publique.
Retour à case départ
Celle-ci se justifie en effet en indiquant que "les opérations ciblées de prélèvement autorisées par l’arrêté du 19 juillet sont susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement nécessitant la participation du public".
Les associations Sea Shepherd France, Longitude 181, One Voice et Taille-Vent, qui sont à l’origine du recours, ont ainsi obtenu gain de cause, le tribunal administratif ne pouvant à présent que prononcer un non-lieu.
Les inquiétudes du conseil scientifique de la Réserve marine
"Nous sommes satisfait que nos argument ont pu convaincre le préfet de retirer cet arrêté, réagit leur avocat, Me Stéphane Wandrey. Mais nous espérons que les concertations qui sont annoncées vont réellement tenir compte des avis des associations, des usagers de la réserve et du conseil scientifique de la Réserve naturelle marine".
Pour rappel, le conseil scientifique a interpellé les autorités en juin dernier après avoir découvert que certains bateaux de pêche procédaient à des prélèvements au cœur même de la zone de protection renforcée. Suite à la publication de l’arrêté du 19 juillet, ce même conseil scientifique avait également demandé au préfet de revoir sa copie.
Un nouvel arrêté avant la fin de l'année ?
"Nous espérons que le préfet ne va pas tout simplement reprendre un arrêté identique en satisfaisant formellement l’obligation de consultation du public", rajoute Me Wandrey. Le représentant de la préfecture a en tout cas annoncé ce matin lors de l’audience que les démarches seront prises afin qu’un nouvel arrêté soit publié avant la fin de l’année.
Didier Dérand, l'un des représentants du collectif des quatre associations, est dubitatif. "Faut-il rappeler qu’en 2017, à l’époque de Cap Requin, une consultation du public avait déjà été organisée pour exactement le même motif : un projet d’arrêté visant à aller pêcher le requin en ZPR de la Réserve marine ?", rappelle-t-il dans un communiqué.
"Le préfet avait renoncé à son projet d’arrêté, ce qui ne l’avait pas empêché de prendre, un an et demi plus tard, un arrêté (n°298 du 15 février 2019) pour lancer effectivement la pêche au requin dans les zones de protection renforcée de la Réserve marine ! Exit l’opinion du public... Il prétextait alors une prétendue «concertation menée en 2018 avec le Conseil scientifique de la [Réserve marine]»".
Les associations Sea Shepherd France, Longitude 181, One Voice et Taille-Vent s’opposent à ces opérations de prélèvement, pointant également du doigt leurs conséquences désastreuses également sur plusieurs autres espèces, dont certaines qui sont protégées.