Actuellement, les journées de RTT sont perdues lorsqu’elles ne sont pas prises par les salariés. Ces RTT sont des journées de repos, accordées lorsque le temps de travail hebdomadaire dépasse les 35 heures. La mesure votée par les députés consiste ainsi à permettre aux salariés qui en bénéficient de ne pas les poser et de les convertir en salaire.
Elle sera limitée dans le temps puisque les entreprises pourront racheter les RTT de leurs employés entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2023.
Ce n’est pas ce dispositif mis en place pendant une période courte qui va permettre aux salariés de sortir du fénwar.
Jean-Paul Paquiry, secrétaire adjoint de l’union départemental Force Ouvrière.
Une mesure qui fait grincer des dents les syndicats
Le projet de rachat des RTT a été proposé par les députés Les Républicains, et voté par la majorité présidentielle. La droite y est favorable, et la gauche ainsi que les syndicats dénoncent la fin des 35 heures. "La CGTR revendique 32 heures et un SMIC à 2 000 euros. Les mesures annoncées ne répondent pas à la question des salaires et [à l’amélioration] du pouvoir d’achat" déclare Jacques Bughon, secrétaire général de la CGTR. Avant d’ajouter que "pendant que nous on milite pour une réduction du temps de travail pour favoriser l’embauche, c’est tout le contraire qui est présenté. C’est faire travailler les gens davantage, alors qu’il faut des mesures pour favoriser la création d’emplois et faire embaucher des jeunes".
Actuellement, leur rachat est autorisé de manière ponctuelle, dans le cadre d’accords d’entreprises. Il s’agit notamment du Compte Epargne Temps, CET, mis en place dans certaines sociétés. Il permet de mettre de côté ses jours de repos non utilisés pour plus tard ou de se les faire rémunérer. Pour Force Ouvrière, ce dispositif de rachat de RTT est "inutile et ne va pas servir à grand-chose puisque actuellement, tous les jours de congés qui ne sont pas pris, peuvent être déposés sur un Compte Epargne Temps".
Aucune amélioration du pouvoir d’achat des Réunionnais
Pour la CGTR et FO, cette mesure ne permet pas l’amélioration du pouvoir d’achat des Réunionnais. Pour Jacques Bughon, secrétaire général de la CGTR, "cette mesure de rachat de RTT n’aura pas d’impacts sur le pouvoir d’achat des salariés à La Réunion parce qu’il y a très peu d’accords d’entreprises sur la question des RTT et la monétisation des RTT. C’est très rare dans les entreprises" explique-t-il. Pour Jacques Bughon, le tissu local étant constitué en majorité de très petites et moyennes entreprises, "très peu d’entreprises à La Réunion ont un accord d’entreprise sur le compte épargne temps. Très peu de conventions collectives s’appliquent". Or, ces dernières "prévoient des dispositifs sur la question de réduction du temps de travail, sur la question des RTT et les modalités de leur monétisation dans les dispositions conventionnelles" renchérit-il.
"Pour nous, il est clair que si le gouvernement n’affiche pas la volonté d’améliorer le quotidien des salariés, il faut une véritable augmentation des salaires pour compenser la perte du pouvoir d’achat qui est causée par la guerre en Ukraine depuis un certain temps" argumente Jean-Paul Paquiry, secrétaire adjoint de l’union départemental Force Ouvrière. Pour ce dernier, "si on incite le salarié à travailler plus pour gagner plus, c’est remettre en cause le principe du repos. Ce principe est inscrit dans le préambule de la Constitution".