Projet LIFE+ Pétrels : un "pas de géant" contre l’extinction des pétrels endémiques de La Réunion

Le Pétrel de Barau
Le projet LIFE+ Pétrels est terminé. Durant 6 années, la connaissance et la conservation du Pétrel de Barau et du Pétrel noir de Bourbon ont fait un pas de géant. Si le projet s’arrête la sauvegarde de ces deux espèces extrêmement rares, et menacées d’extinction, se poursuit.
Le Pétrel noir de Bourbon est l’une des espèces les plus rares au monde. Une espèce endémique de La Réunion encore méconnue jusque-là, aucune colonie n’ayant jamais été découverte par le passé. Impossible donc de connaître leur mode de vie ou les dangers qui les guettaient.

Grâce au projet LIFE+ Pétrels, la connaissance a pu être étoffée sur cette espèce menacée de disparition. Cette espèce, mais aussi celle du Pétrel de Barau également endémique de La Réunion et elle aussi menacée d’extinction. Durant 6 ans, de nombreuses actions ont ainsi pu être menées pour connaître et protéger ces oiseaux marins particulièrement rares.

Aujourd’hui le projet LIFE+ Pétrels est terminé, mais la sauvegarde de ces deux espèces ne l’est pas pour autant.

 

Des pétrels endémiques rares et menacés


En moins de 350 ans, 20 espèces d’oiseaux endémiques ont disparu dans l’île. La Réunion comporte deux espèces de pétrels endémiques, le Pétrel de Barau et le Pétrel noir de Bourbon, l’un des oiseaux marins les plus rares du monde. Ces deux espèces sont classées sur la liste rouge des espèces menacées de disparition par l’UICN, l’Union Internationale pour la conservation de la Nature.

Le Pétrel noir de Bourbon mesure 90 cm d’envergure pour 285 g en moyenne. Son plumage est noir et uniforme, son bec noir et robuste et ses pattes bicolores. L’oiseau qui pousse des cris nocturnes, est associé à des croyances populaires comme " Grand-Mère Kal ". Au lancement de projet LIFE+ Pétrels, on estimait à 50 le nombre de couples restants pour l’espèce des pétrels noir de Bourbon.
 
Le pétrel noir de Bourbon est en 15ème position sur la liste des espèces en voie d’extinction à l’échelle mondiale

Le Pétrel de Barau est plus grand, 98 cm d’envergure pour 418 g en moyenne. Le dessus de la tête et son cou sont gris noirâtre, son dos et ses ailes de couleur gris bleu cendré, et ses plumes bordées d’une frange claire. L’altitude maximale des colonies du Pétrel de Barau est de 3 000 m. Ainsi, il niche dans des terriers situés dans les falaises des hauts massifs de l’ile, entre 2 000 et 3 000 m. Il est d’ailleurs le seul oiseau marin à nicher à une altitude aussi élevée.

Les connaissances sont plus importantes sur cette espèce, ainsi la reproduction a lieu pendant l’été austral, le pic d’envol des jeunes se situe vers le 20 avril, période durant laquelle les jeunes individus s’échouent en masse chaque année. Entre 500 et 1 200  Pétrels de Barau sont concernés, un grand réseau de sauvetage a été déployé par la SEOR et plus de 2 500 oiseaux sont sauvés chaque année.
 
Le Pétrel de Barau

Ces deux espèces sont menacées de prédation par les espèces introduites, comme les chats et les rats, et par la pollution lumineuse.

 

Dernière chance pour le Pétrel noir de Bourbon


Le projet LIFE+ Pétrels a été créé pour enrayer le déclin des pétrels endémiques de La Réunion. De juillet 2014 à juillet 2020, un travail important a été fait pour permettre la sauvegarde d’une espèce presque disparue un temps. Communication, actions sur le terrain, nombreux ont été les moyens pour sensibiliser la population et agir pour protéger cette espèce si rare.

Coordonné par le Parc national de La Réunion et en partenariat avec l’Université de La Réunion, la Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion ou encore l’Office Français de la Biodiversité, le projet, d’un budget de 3 millions d’euros, a été financé pour moitié par l’Union Européenne dans le cadre de son programme LIFE pour l’environnement et l’action climatique.
 25 actions ont ainsi été menées en 6 ans par plus de 150 agents de 6 structures : du suivi démographique des pétrels, encordé dans le vide pour accéder aux terriers de la colonie de Pétrels noir de Bourbon de Grand-Bassin, au plus de 5 000 dispositifs déployés sur le terrain, pour la prospection acoustique notamment, en passant par les missions de prospection et de suivis et les heures d’observation nocturne.

Des balises de localisation ont également été fixées sur certains individus pour enregistrer la lumière du jour et en savoir plus sur leurs migrations ou leur comportement en mer et sur terre. Des échantillons de sang ont été prélevés pour vérifier l’état de santé génétique des pétrels. Deux colonies artificielles ont aussi été construites et installées dans des zones favorables où les prédateurs sont contrôlés.

Le projet a permis d’engager des actions de recherche et de conservation innovante pour sauver les pétrels endémiques de La Réunion de l’extinction
 
 

Un pas de géant dans la sauvegarde et la conservation


Tout au long du projet, les résultats ont été au rendez-vous : fin 2016 et début 2017, 2 colonies de reproduction du Pétrel noir de Bourbon ont enfin été découvertes. 18 sites actifs ont ainsi été localisés dans les 3 principales ravines du Sud. Un important dispositif de suivi et de conservation a été mis en place en 2017, permettant ainsi de faire un bond de géant dans la connaissance de cette espèce.
 
Depuis 2016, 100 Pétrels noir de Bourbon ont pu être bagués. En 4 ans d’observation, de 2016 à 2020, les scientifiques ont constaté que le taux de reproduction était passé de zéro à presque 80%. En 2016, aucun œuf, ni poussin ne survivait aux rats.

Les actions menées pour diminuer la pollution animale et l’errance animale ont donné des résultats très positifs. Les prédateurs sur colonies ont été diminués de 70% à 90% et la pollution lumineuse atténuée de 15% lors de l’envol des pétrels, grâce aux " Nuits sans lumière " notamment.

Pour les Pétrels de Barau, 2 colonies de reproduction ont pu être suivies, soit plus de 320 terriers. 366 adultes et 796 jeunes à l’envol ont été bagués. Si les scientifique ont pu établir que le taux de croissance de l’espèce est désormais positif, il n’en reste pas moins fragile. Le contrôle des prédateurs, tels que les chats, reste indispensable.
  

Objectif rempli pour le projet LIFE+ Pétrels


Que ce soit dans les domaines de la recherche, de la conservation et de l’ancrage territorial, les objectifs ont été largement atteints, voire même dépassés. Désormais, les scientifiques ont l’espoir de réussir à empêcher l’extinction des pétrels endémiques de La Réunion.

Grâce au projet, un pas de géant a pu être fait pour la conservation de ces deux espèces et de nombreux acteurs ont pu s’impliquer pour préparer la suite des opérations. Les actions de conservations seront poursuivies pendant au moins 5 ans, désormais sans le soutien financier de l'Union Européenne.

Une nécessité pour sauver de l’extinction ces oiseaux endémiques et emblématiques de La Réunion, selon les acteurs du projet.