Dans les rues de Saint-Pierre, tous sont venus apprécier le défilé militaire organisé à l'occasion du 14 juillet. Un jour férié qui est celui de la fête nationale française. Mais pourquoi ce jour ? Que symbolise-t-il ?
Des questions qui n'obtiennent pas forcément une réponse exacte chez tout le monde. "On fête la victoire, la fin de la Seconde Guerre", dit l'un, visiblement sûr de lui. "Si je me trompe pas, c'est le jour de l'armistice, la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale", lance un autre. "Ca représente la France et sa réussite face à la guerre", répond simplement un autre passant. Cette dame elle, est convaincue que ce dimanche, "on fête l'armistice du 14 juillet".
Confusion avec le 8 mai 1945 et le 11 novembre 1918
De toute évidence, une certaine confusion règne autour du 14 juillet, confondu par ces citoyens avec le 8 mai - également férié -, qui lui commémore la victoire des forces alliées sur l'Allemagne nazie et par extension la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, en 1945.
Confusion également avec un autre jour férié, le 11 novembre, qui commémore la signature de l'armistice de la Première Guerre mondiale en 1918, précédant les traités de paix à Versailles qui suivront quelques mois après, le 28 juin 1919.
Le 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille
Or, il faut remonter à la fin du XVIIIème siècle pour retrouver les origines du 14 juillet. Notre fête nationale est liée au 14 juillet 1789, date de la prise de Bastille, et symbolise la révolution du peuple français face au pouvoir royal.
Un peu d'histoire. Rappelons le contexte : en juillet 1789, la France traverse une crise économique et sociale. Les Parisiens craignent la famine et la pénurie alimentaire, mais aussi un renforcement de l'autorité royale. Car deux jours avant le 14 juillet, Jacques Necker, ministre d'Etat plutôt favorable au peuple, vient d'être renvoyé par Louis XVI. Des manifestations fleurissent alors à Paris, la population craignant un renforcement de l'autorité du roi et une dégradation de leurs conditions de vie déjà difficiles.
Le peuple de Paris appelé à la révolte
Dans la foulée, le révolutionnaire Camille Desmoulins appelle la foule à la révolte devant le Palais Royal. Après des scènes de pillage et incendies les 12 et 13 juillet, la violence monte et une milice de révolutionnaires se crée, avec en signe distinctif la cocarde rouge et bleue. Au matin du 14 juillet 1789, ayant besoin d'armes, les révolutionnaires s'emparent des Invalides, mais aussi des fusils et canons qu'ils y trouvent. Puis, direction la Bastille, forteresse et prison, à la recherche de poudre et de balles.
Prendre la Bastille pour trouver de la poudre
La foule se réunit autour de cette forteresse, puisque le gouverneur de la Bastille, Launay, leur refuse ce qu'ils sont venus chercher. Quelques heures plus tard - pendant lesquelles le gouverneur fait tirer sur le peuple ici réuni -, les Parisiens finissent par y pénétrer, libère les quelques prisonniers qui s'y trouvent et se saisissent de la poudre. Le gouverneur Launay est tué, sa garnison emprisonnée... : ce 14 juillet 1789, le peuple avait fait sa révolution.
Le 14 juillet 1790, fête de la Fédération
Si le 14 juillet n'a cessé de gagner en symbole jusqu'à devenir jour de fête nationale en France, c'est aussi parce que l'année suivante, en 1790, la Fête de la Fédération est créée par La Fayette, commandant de la garde parisienne, pour célébrer la prise de la Bastille et l'unité de tous les Français. C'est également ce 14 juillet 1790 que les fédérations locales des gardes nationaux de chaque province française sont invitées à défiler sur le Champ-de-Mars à Paris. Le tout premier défilé militaire du 14 juillet, en quelque sorte.
C'est notamment lors de cette fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, que le roi Louis XVI prêta serment à la Constitution, promettant de faire appliquer et de respecter la loi.
Le 14 juillet, rendu férié en 1880
Il faudra cependant attendre presque un siècle, en 1880 et sous la IIIème République, pour que cette date du 14 juillet devienne la fête nationale, par le biais d'un projet de loi déposé par un des députés de Paris, Benjamin Raspail. Le jour est déclaré chômé, et symbolise à la fois la prise de la Bastille en 1789, et la fête de la Fédération en 1790.
Le défilé militaire, lien entre peuple et armée
Enfin, la plus grande tradition du 14 juillet reste le défilé militaire. Celui-ci s'impose dès 1880, sur l'hippodrome de Longchamp, toujours dans l'idée de faire de cette fête un lien entre le peuple et l'armée. Ce n'est qu'en 1919 que le défilé militaire annuel quittera Longchamp pour se dérouler sur les Champs-Elysées de Paris, où il est toujours organisé (sauf dans les années 70 où il changera plusieurs fois de cadre, ou cette année 2024, déplacé en raison des Jeux olympiques).
Le défilé militaire de 1880 sera suivi de banquets républicains, de bals populaires, mais aussi de retraites aux flambeaux et feux d'artifice. Autant de symboles qui, plus de 140 ans plus tard, perdurent partout en France, y compris à La Réunion.