Ce mercredi 27 mars 2024, les salariés du Quotidien de La Réunion ont retenu leur souffle : le tribunal de commerce devait examiner deux offres de reprise du journal, placé en liquidation judiciaire début octobre dernier. Le délibéré sera rendu le 3 avril prochain.
Les précisions de Précilla Ethève sur Réunion La 1ère :
Le tribunal de commerce doit trancher après avoir entendu les candidats à la reprise du Quotidien. Plusieurs scenarii se dessinent : la cession soit à ICP Roto, soit à Media Capital Réunion, ou alors... la liquidation sèche du journal, laissant 49 salariés sur le carreau. Trois offres avaient été déposées le 1er mars dernier.
Le tribunal face à deux offres de reprise : ICP Roto ou Media Capital
L'offre d'ICP Roto, présentée par Alfred Chane-Pane entre autres, prévoit de ne reprendre aucun journaliste. L'offre de Media Capital Réunion, proposée par Henri J.Nijdam, envisage elle de reprendre 15 journalistes, mais sans l'encadrement. Selon nos informations, il remettrait 1 million d'euro de plus dans le projet, en plus des 500 000 euros déjà annoncés.
La troisième offre, elle, émanait de Jacques Tillier du Journal de l'Ile entre autres, mais n'est plus d'actualité.
"Il y a deux des offres présentées qui ont été retenues, la troisième semble être hors-jeu. L'une ne reprend aucun journaliste et prévoit d'arrêter la parution pendant un délai assez long avant de redémarrer avec des journalistes dont on ne sait pas dans quelles conditions ils seront repris et dans quelle proportion. L'autre offre propose de reprendre 15 journalistes mais sans encadrement. Il faudra faire un journal avec très peu de gens, sans hiérarchie intermédiaire, sans photographe, sans secrétaire de rédaction. Le tribunal est face à ce choix".
Stéphane Fontaine, journaliste au Quotidien de La Réunion
Le "flou" autour des offres
Sandra Mithra, assistante de rédaction, considère que peu importe l'offre retenue, l'avenir de l'entreprise reste "flou", "financièrement ou socialement".
"L'offre de Chane-Pane, il y a de l'argent mais pas de journalistes pour faire le journal, et celle de Nijdam, il y a des journalistes mais pas d'argent pour tenir sur le long terme. En tant que représentante des salariés, peu importe l'offre qui est retenue, ce sera bien pour les employés de presse parce qu'eux seront repris", considère Sandra Mithra.
Six mois d'inquiétude
Les salariés font savoir leur lassitude. Depuis le 4 octobre dernier, date de placement en liquidation-cession, ils ont traversé des hauts et des bas, avec l'inquiétude notamment de ne voir aucun repreneur se présenter.
"C'est un processus qui dure depuis six mois maintenant, c'est très long, et assez éprouvant nerveusement. On va voir le dénouement. Tout ce qu'on espère c'est que le Quotidien aura encore de belles années devant lui, le vrai Quotidien, celui que les gens aiment lire, auquel ils sont attachés", souffle Stéphane Fontaine, journaliste au sein de la rédaction du Quotidien de La Réunion.
"Enorme gâchis"
Emmanuel Grondin, photographe, estime quant à lui que c'est un "énorme gâchis". Qu'il s'agisse d'une offre ou de l'autre, son emploi ne serait pas sauvé selon lui, après 37 ans de service au Quotidien. L'issue de son entreprise le laisse en plein désarroi. "Ma noré pas pensé à ça. Ma la pensé à plein plein de fins, mais pas celle-là en fait", lâchait-il au tribunal ce mercredi.
"On est encore dans l'incertitude, il y encore une semaine à tenir en fonction du rendu d'audience, mais pour l'instant on est fatigués", achève Sandra Mithra.
Un début d'avril décisif pour les deux journaux locaux
Dans une semaine, ils seront de retour au tribunal de commerce pour prendre connaissance de la décision à laquelle est suspendu l'avenir de leur journal.
Le 3 avril, le Journal de l'Ile sera lui aussi attendu au tribunal de commerce pour un rendez-vous décisif, puisque l'entreprise a été placée en redressement judiciaire, et doit présenter un nouveau plan d'activité pour le journal et ses cinq filières, dont la santé financière est fragile depuis quelques mois.