Radicalisation : "La menace est très modérée à la Réunion"

Les pouvoirs publics mutualisent leurs moyens dans la lutte contre la radicalisation. L’objectif est de repérer plus efficacement les individus potentiellement dangereux, même si "la menace est très modérée". Une convention a notamment été signée entre la justice et l’Education nationale.
Comment éviter des drames comme celui qui s’est produit à Conflans-Sainte-Honorine ? La question est loin d’être simple et La Réunion, bien qu’à 10 000 kilomètres de l’Hexagone, est, elle aussi, exposée au risque terroriste et aux mécanismes de radicalisation.

Ce matin, suite à l’assassinat de Samuel Paty et Jacques Billant, préfet  de La Réunion, avait rendez-vous avec Chantal Manés-Bonnisseau, la rectrice de la Réunion, Caroline Calbo, procureure de la République à Saint Pierre et Eric Tufféry, procureur de la République à Saint-Denis dans le cadre de l’Etat-major départemental de sécurité.

Le reportage de Réunion la 1ère.
Lutte contre la radicalisation : les autorités font le point sur la situation à La Réunion ©Réunion la 1ère
 

Une convention entre la justice et l'Education nationale

Il était d’abord prévu de longue date de la signature d’une nouvelle convention sur la question des violences au sein et aux abords des établissements scolaires. Celle-ci convention vise à sanctionner tout acte de violence lorsqu’il s’agit d’enseignants ou d’élèves.

Une convention qui va donc au-delà de la problématique de la radicalisation, tout en l’intégrant bien évidemment, puisque dans le drame de Conflans-Sainte-Honorine, le meurtre de Samuel Paty est lié à l’exercice de sa profession de professeur d’Histoire-Géographie.

Si note département est susceptible, lui aussi, d’être la scène d’un acte terroriste, la menace est toutefois "très modérée", assure la procureure Caroline Calbo. Mais "la lutte contre les structures est bien présente", rajoute la magistrate.
 

Trois structures pour lutter contre la radicalisation

Trois organismes sont en effet dédiés à la surveillance et à la lutte contre la radicalisation. Le Groupe d’évaluation départemental (GED) se réunit par exemple tous les 15 jours en préfecture pour effectuer le suivi des individus signales radicalisés. Cette structure est chargée d’analyser les comportements et de décider d’éventuelles poursuites pénales.

La CEPRAF, la Cellule de prévention de la radicalisation au sein des familles, accompagne, elle, les personnes qui signalent un proche qui semble en voie de radicalisation. L’aide peut être matérielle ou porter sur l’insertion professionnelle. L’exclusion sociale est en effet l’un des terreaux de la radicalisation.

La Cellule de lutte contre l’islamisme, ou CLIR, se réunit, quant à elle, tous les mois et se concentre sur l’identification des dérives pouvant remettre en cause les principes et valeurs  de la République (salafisme, terrorisme et violence). La CLIR qui a été mise en place le 26 février dernier répertorie notamment les salles de prière et fait le suivi des écoles coraniques.

L’ensemble des moyens à disposition seront présentés prochainement aux chefs d’établissements scolaires. Les établissements ont fait une dizaine de signalements d’actes grave à La Réunion en un an.
 

Combien de personnes radicalisées dans l'île ?

Quid des chiffres concernant les personnes fichées pour radicalisation à La Réunion ? Le préfet n’a pas souhaité communiquer sur ce point, en précisant toutefois que notre île se situait dans une moyenne nationale basse et qu’aucune structure publique ou privée n’a été identifiée comme permettant des rencontres entre personnes radicalisées ou permettant la propagation des messages de haine ou de violence .

Selon les dernières informations, il y avait en 2019 une soixantaine de fichés S à la Réunion. Les derniers chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur il y a deux ans faisaient état de 142 personnes signalées comme radicalisées à La Réunion.